Pollution au béton dans la Seine : une filiale de Vinci condamnée à 50.000 euros d'amende

Plus d'un an après la découverte de pollution au béton dans la Seine, des travaux de remise en état ont lieu sur place.
Plus d'un an après la découverte de pollution au béton dans la Seine, des travaux de remise en état ont lieu sur place. © Europe 1 Guillaume Biet
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Guillaume Biet et Antoine Cuny-Le Callet , modifié à
Une filiale de Vinci accusée d'avoir rejeté des résidus de béton dans la Seine à Nanterre a été condamnée mercredi, dans une procédure de "plaider-coupable", à 90.000 euros d'amende, dont 40.000 avec sursis. Cette centrale à béton était engagée sur le chantier de l’extension du RER E-Eole.

L'entreprise de BTP Dodin Campenon Bernard, une filiale de Vinci, a été reconnue coupable d'avoir déversé "de manière accidentelle" dans la Seine de l'eau grise chargée de sable et de traces de ciment. La décision, négociée au préalable avec le parquet dans le cadre d'une procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité, a été validée mercredi par le tribunal de Nanterre. La filiale de Vinci a été condamnée à 90.000 euros d'amende, dont 40.000 avec sursis. 

En avril 2019, Europe 1 révélait que les eaux du site de fabrication de béton alimentant le chantier d'extension du RER E avaient été déversées pendant environ un an dans la Seine. Après avoir nettoyé les cuves des camions toupie, les eaux étaient recueillies dans une grande fosse à ciel ouvert, creusée à même le sol. Chargées de résidus de béton, elles s'écoulaient ensuite vers le fleuve en contrebas. A l'époque, le grillage marquant les limites du chantier avait même été dégradé pour faciliter le chemin des eaux vers la Seine.

Atteinte à l'environnement

Conséquence directe de cette pollution, la profondeur du fleuve s'est relevée du fait de l'accumulation de résidus de ciment et de sable. A l'endroit où les eaux grises arrivaient, la profondeur était de 15 à 30 centimètres, bien en dessous du mètre 80 habituel. L'écoulement a aussi nui à la biodiversité, en particulier à la reproduction des poissons vivant dans le cours d'eau.

L'entreprise a préféré évoquer le "dysfonctionnement d'une zone de stockage", "accidentel" et "avec des effets limités" sur l'environnement. Par l'intermédiaire de son avocat, Philippe Goossens, elle s'est dite satisfaite du jugement du tribunal qui n'a pas reconnu de "volonté de déversement dans la Seine". 

Remise en état du site

L'avocat des parties civiles, Laurent Benarrous, a en revanche évoqué une "affaire gravissime" traitée "avec une forme de banalité". Il a fustigé l'attitude de certaines entreprises du bâtiment qui "se comportent comme des voyous". Même si la peine est quasi maximale par rapport à ce que prévoit la loi, "le bénéfice est 20 fois plus important que la peine d'amende, donc elle ne sera jamais dissuasive", estime-t-il. Sur la remise en état du site, la querelle persiste. La filiale de Vinci dit avoir investi 200.000 euros, ce qui est contredit par la fédération des plaignants. 

En avril 2019, interrogé par Europe 1, le général Diacono de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) affirmait qu'il s'agissait d'un type de pollution malheureusement très répandu. Les chantiers dans le cadre du Grand Paris donnent parfois lieu à un véritable trafic de déchets organisé par des "pollueurs professionnels". Ces derniers, payés par les producteurs pour traiter et recycler des tonnes de gravas ou résidus de béton, les déversent dans la nature.