Indignation après l'expulsion d'une avocate lors d'une audience au TGI de Paris

L'expulsion de l'avocate Anna Salabi a provoqué une vive émotion.
L'expulsion de l'avocate Anna Salabi a provoqué une vive émotion. © KENZO TRIBOUILLARD / AFP
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avec AFP , modifié à
Une avocate a été évacuée d'une audience par des policiers, jeudi dernier. Le barreau de Paris s'en est indigné, alors que le président du TGI a condamné ce incident. 

L'expulsion d'une avocate provoque des remous au TGI de Paris. Mediapart avait révélé la semaine dernière cet incident. Selon le site Internet, l'avocate Anna Salabi a été sortie jeudi dernier "manu militari" d'une audience portant sur une taxation d'honoraires et qui se déroulait dans le cabinet d'une juge d'instance.

Plusieurs dizaines de ses confrères se sont rassemblés jeudi dans le hall du tribunal de grande instance pour marquer leur indignation. Le président du TGI, Jean-Michel Hayat, a lui procédé à une sévère mise au point après cet incident, assurant qu'il "ne peut être recouru au concours des forces de l'ordre, à l'égard d'un avocat, dans l'exercice de ses fonctions"

Deux jours d'ITT pour l'avocate 

L'incident s'est déroulé jeudi dernier, raconte Mediapart. Le ton était monté entre la juge, qui avait décidé dans un premier temps de prendre l'affaire puis de la renvoyer, et l'avocate, qui refusait de quitter le bureau avant l'arrivée d'un représentant du barreau. La magistrate avait alors fait évacuer Anna Salabi par des policiers alors qu'elle téléphonait au barreau, selon l'avocate qui s'est vu prescrire deux jours d'incapacité totale de travail (ITT) pour des douleurs au thorax et au genou.

"Quand il y a désaccord, la plupart du temps, on se fait gronder, humilier, et dans 9 cas sur 10, on a assez peur que la décision s'en ressente alors on se tait. Ce jour-là, je n'ai pas voulu me laisser faire", a déclaré à Anna Salabi, précisant avoir protesté mais "jamais insulté ou menacé" la juge. Cette expulsion indigne d'autant plus les avocats qu'elle s'ajoute à une série d'incidents au TGI de Paris, installé depuis un an dans le quartier des Batignolles et dont le fonctionnement génère, selon eux, des accrocs "aux droits de la défense". 

La mise au point du président du TGI 

Le président du TGI de Paris a adressé jeudi un sévère rappel à l'ordre après l'expulsion d'une avocate d'une audience. "En aucun cas, il ne peut être recouru au concours des forces de l'ordre, à l'égard d'un avocat, dans l'exercice de ses fonctions", a assuré Jean-Michel Hayat. Le président du tribunal de grande instance de Paris, Jean-Michel Hayat, "a pris acte de l'émotion au sein du barreau" et "entend rappeler à chacun que tout incident d'audience doit conduire à saisir sur le champ le délégué du bâtonnier à la permanence de l'Ordre, en suspendant, si nécessaire, le cours de l'audience".

"Afin de remédier aux difficultés qui sont signalées tant à la présidence qu'à Mme Le Bâtonnier, la juridiction et le Barreau décident d'organiser prochainement des assises consacrées à la relation avocats-magistrats-personnels de Justice, afin de dégager ensemble, au tribunal de Paris, des solutions d'apaisement", ont annoncé le président du TGI et le bâtonnier de Paris dans un communiqué commun.