Plainte contre La Poste d'une factrice victime d'un AVC pour "non-assistance à personne en danger"

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La jeune femme "est encore en arrêt maladie, a une jambe paralysée et marche avec une canne", selon son avocat. © KENZO TRIBOUILLARD / AFP
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avec AFP , modifié à
Victime d'un AVC sur son lieu de travail, une factrice de 25 ans a décidé de porter plainte contre La Poste, coupable d'avoir attendu trois heures et plusieurs injonctions avant d'appeler les secours.

Une factrice de 25 ans victime d'un AVC sur son lieu de travail a porté plainte pour "non-assistance à personne en danger" après que des responsables du centre de distribution du courrier de La Poste à Villeneuve d'Ascq (Nord) eurent tardé à appeler les secours, a-t-on appris mercredi de sources concordantes. Un rapport de l'Inspection du travail à ce sujet a été transmis au parquet de Lille, a rapporté l'avocat de la jeune femme, Me Patrick Kazmierczak, confirmant une information de La Voix du Nord et de France 3.

La direction appelle les secours "après plusieurs heures". Le 19 février dernier, dans la matinée, Émeline B., salariée en CDD, "se plaint à plusieurs reprises à sa direction de douleurs inhabituelles", mais celle-ci "lui fait la morale en lui disant qu'elle ne devrait pas se plaindre et travailler", a raconté son avocat. "Plusieurs fois, elle répète sa plainte, en rapportant des douleurs anormales et personne ne réagit", a-t-il insisté. L'un de ses collègues, membre du CHSCT, trouve alors la factrice "livide et transparente" et demande à des cadres "d'appeler les secours, mais ils lui répondent 't'es pas médecin'", a affirmé l'avocate de cet homme, Me Virginie Stienne-Duwez. "C'est face à l'insistance" de ce collègue, que "la direction a fini par appeler les secours après plusieurs heures" alors que "la dame était en train de faire un AVC", a assuré l'avocate.

Son collègue voulant l'aider sanctionné ? À cause de son comportement, cet employé "s'est retrouvé en conseil de discipline", qui a recommandé "de le muter", a indiqué Me Stienne-Duwez. La Poste, dans un communiqué, réfute cette version : cette procédure disciplinaire est "sans aucun rapport avec l'accident de santé", mais serait liée à une affaire "de harcèlement à l'encontre d'une de ses collègues". Mais, selon son avocate, qui affirme que son client est suspendu depuis cette affaire, lorsque La Poste parle de harcèlement, c'est précisément "sur une encadrante qui n'a pas appelé les secours". "Nous attendons la décision de la Poste" sur une éventuelle sanction disciplinaire et "nous saisirons le tribunal administratif de Lille", a affirmé l'avocate. 

La factrice encore en arrêt maladie. "La jeune fille, mère de deux enfants, est encore en arrêt maladie, a une jambe paralysée et marche avec une canne", selon Me Patrick Kazmierczak. La Poste souligne au passage que la CPAM de Lille "n'a pas qualifié cet événement en accident du travail" mais en "arrêt maladie". "Si j'avais été prise en charge plus tôt, je n'aurais peut-être pas de séquelles, je trouve ça irresponsable, on est leurs employés, mais on n'est pas des chiens", a affirmé Emeline B., mercredi matin sur RTL. La factrice a porté plainte et son avocat compte saisir les prud'hommes de Lille ainsi que le tribunal des affaires de sécurité sociale.

La Poste se défend. Selon La Poste, "les postiers présents ce jour-là n'ont malheureusement pas été en mesure de détecter immédiatement l'urgence de la situation, aucun signe visible ne pouvant laisser imaginer la nécessité d'une intervention rapide, qui plus est pour une personne aussi jeune". "Pour autant, l'encadrement présent le matin même a contacté le 15, qui a décidé après diagnostic de ne pas envoyer les pompiers mais une ambulance", a ajouté La Poste.