Deux heures après la prise de service des salariés réquisitionnés, les premiers camions chargés de carburant ont quitté le dépôt. 1:31
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Lionel Gougelot (sur place), édité par Juliette Moreau Alvarez
Après avoir annoncé la réquisition de personnels pour débloquer les dépôts de carburants, le gouvernement a mis ses menaces à exécution. À Dunkerque, dans un dépôt TotalEnergies, six salariés grévistes ont dû se rendre sur site pour remplir plusieurs camions à destination des stations-service régionales.

À Dunkerque, les premières réquisitions sont tombées. Pour débloquer la crise qui agite les stations-service, toujours en manque de carburant, le gouvernement avait annoncé mardi la possibilité de réquisitionner du personnel gréviste pour continuer à les approvisionner. Jeudi matin, six salariés ont ainsi été réquisitionnés au dépôt TotalEnergies de Mardyck, qui alimente près de la moitié des Hauts-de-France.

"On va les soutenir"

Cette réquisition a permis de remplir plusieurs camions citernes. Du côté des grévistes, l'ambiance était plutôt tendue. Les six salariés concernés se sont présentés aux grilles du dépôt vers 13h30, un peu perdus et déstabilisés par ces événements. Finalement, c'est sous les encouragements de leurs collègues qu'ils ont pénétré sur leur site, sans incident. Le responsable CGT Benjamin Tange appelle maintenant à la responsabilité : "Il faut qu'on sorte de ce conflit. On propose que les réquisitions se passent dans le calme. En contrepartie, on demande à la direction qu'elle ouvre la porte pour négocier sur les bases qu'elle connaît."

C'est peut-être cet esprit de responsabilité qui a permis la reprise du dialogue prévu ce soir avec la direction. Il n'en reste pas moins, chez les collègues de ces salariés, un vrai sentiment d'amertume face à cette procédure de réquisition vécue ici comme une atteinte au droit de grève. "Quand on vient chez toi avec les gendarmes, te donner un papier pour te dire que t'es obligé de venir travailler, ça ne fait plaisir à personne", explique ce salarié gréviste.

"Ils sont en stress, ils n'ont jamais connu ça, donc ne sont pas bien dans leur peau. Même pour travailler cet après-midi, ils ne sont pas dans un état où ils vont pouvoir travailler correctement. Donc c'est pour ça qu'on va les soutenir. On va les voir et puis on ne va pas les laisser. "

Deux heures après la prise de service des salariés réquisitionnés, les premiers camions chargés de carburant ont quitté le dépôt pour livrer les stations-service de la région. Les grévistes de Dunkerque décideront vendredi matin, en Assemblée générale, des suites du mouvement, en fonction des négociations de jeudi soir.