Paris : un camp de Roms grossit à nouveau sur les rails de la "petite ceinture”

Le campement est situé au niveau de la porte des Poissonniers et de la porte de La Chapelle, à Paris.
Le campement est situé au niveau de la porte des Poissonniers et de la porte de La Chapelle, à Paris. © MARTIN BUREAU / AFP
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avec AFP
Le tribunal de grande instance de Paris a examiné vendredi après-midi une demande d'expulsion déposée en référé par SNCF Réseau, propriétaire du terrain où vivent environ 500 Roms.

Un campement de Roms composé selon les associatifs de plusieurs centaines de personnes s'est reconstitué sur les rails de la "petite ceinture", dans le nord de Paris, où un bidonville similaire avait été démantelé il y a un an, a constaté vendredi une journaliste de l'AFP.

Environ 500 personnes, dont "un tiers d'enfants". Le campement s'est développé en deux parties, au niveau de la porte des Poissonniers et de la porte de La Chapelle, avec sur l'ancienne voie ferrée une succession de petites cabanes de bois serrées les unes contre les autres. "Environ 300 personnes vivent côté Poissonniers et 200 côté La Chapelle", dont "un tiers d'enfants", assure André Feigeles, du collectif Roms Paris, qui intervient régulièrement sur ces campements.

"On retrouve les mêmes personnes que l'an dernier, à 80%". Le tribunal de grande instance de Paris a examiné vendredi après-midi une demande d'expulsion déposée en référé par SNCF Réseau, propriétaire du terrain, et qui avait obtenu gain de cause il y a un an pour l'évacuation d'un bidonville similaire. En 2015, le campement avait grossi pendant plusieurs mois, jusqu'à 400 habitants, avant son évacuation le 3 février 2016. "Ils sont allés de bidonville en bidonville et au fil des évacuations se sont retrouvés ici. Mais on n'a rien résolu depuis", déplore André Feigeles, pour qui "on retrouve les mêmes personnes que l'an dernier, à 80%".

Décision attendue le 16 janvier. Le responsable associatif se montrait peu optimiste après l'audience de vendredi, redoutant que la décision attendue le 16 janvier n'entraîne "une destruction d'ici la fin du mois". "Je vis ici depuis trois semaines, avant j'étais à Saint-Ouen", où un bidonville a été démantelé en décembre, explique Adrian, les mains serrées autour d'une tasse de café. "La France, j'y suis depuis six ans. Mais c'est impossible d'obtenir un logement, même quand on a un travail", assure le jeune homme, qui gagne sa vie à faire le ménage dans un café.

Cabanes à l'abri des regards. Près de lui, des coups de marteau résonnent le long des voies ferrées ou des hommes s'affairent à bâtir une cabane, en contrebas du boulevard Ney, où la partie "ouest" du campement s'est développée dans le sillage de démantèlements en Seine-Saint-Denis. La partie "est", elle, grossit depuis des mois, sous un pont tenant les cabanes à l'abri des regards : il faut, pour y accéder, emprunter une échelle discrète, ou une porte grillagée et marcher plusieurs centaines de mètres jusqu'au campement.

À quelques pas du "centre de pré-accueil" pour les migrants. "Ce n'est pas facile pour les Roms en Roumanie, je fais l'aller-retour avec la France", explique Viorel, près de son camion au moteur allumé. Non loin de là, trois enfants se réchauffent dans une voiture. "Leur père est en train de construire un cabane", explique l'homme en montrant des planches éparpillées sur les rails. Le bidonville se développe ainsi à quelques pas du "centre de pré-accueil" ouvert en novembre pour les migrants, comme une alternative à la rue. Mais faute d'être tous pris en charge, des exilés errent dans le quartier, certains dormant eux aussi dans de mini-campements que la police déloge à intervalles réguliers.