Parcoursup : "On remplace un algorithme par des avis de conseils de classe"

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A.H. , modifié à
La présidente de l'Unef, Lilâ Le Bas, ne regrette pas de dire au revoir à l'ancienne plateforme Admission Post-Bac (APB). Mais ce n'est pas pour autant que sa remplaçante Parcoursup la rassure.
INTERVIEW

C'est aujourd'hui que Parcoursup, le nouveau système d'orientation post-bac, est officiellement mis en place. Ce système va déterminer le futur de centaine de milliers d'adolescents. Y aura-t-il une place pour chacun ? C'est bien ce qui inquiète Lilâ Le Bas, présidente de l'Unef, syndicat étudiant. Elle s'inquiète de l'instauration d'une sélection à l'entrée de l'université.

Trier les étudiants. Dans cette version revue et corrigée de l'ancien système APB, le candidat va devoir répondre aux "attendus" des universités, c'est-à-dire des compétences et des connaissances requises pour suivre une filière donnée. Sur la plateforme, les établissements d'enseignement supérieur auront accès aux notes du lycéen en première et terminale, aux appréciations des professeurs et à l'avis du conseil de classe sur le projet d'orientation du jeune, des éléments contenus dans un document baptisé "Fiche avenir". "Dorénavant, on pourra trier les étudiants en fonction de leur dossier, de leurs notes, selon leurs capacités à travailler en autonomie. On remplace un algorithme par des avis de conseils de classe, ce qui pour nous n'est pas la solution", dénonce Lilâ Le Bas, invitée de la matinale d'Europe 1 lundi.

Pas assez de places dans le supérieur. Pour le gouvernement, ce nouveau mode de fonctionnement permettra de soulager les filières sous tension. Un mauvais calcul, selon la cheffe de file de l'Unef. "Les effectifs étudiants augmentent, suite au boom démographique des années 2000. Ce qui n'est pas une surprise. À côté de cela, les places n'augmentent pas", déplore-t-elle. 22.000 places supplémentaires vont être créées dans le supérieur, "pour 30.000 étudiants de plus à la rentrée universitaire prochaine. Tout en sachant qu'il y a des redoublements, des réorientations…", fait valoir Lilâ Le Bas.

Donner les moyens pour réussir. Pour elle, "la sélection par l'échec ne vient pas du fait qu'on laisse les jeunes s'inscrire dans l'enseignement supérieur. Elle vient du fait que les conditions d'étude à l'université sont mauvaises. On est 500 dans un amphithéâtre, on n'a pas d'encadrement pédagogique. Pour lutter contre l'échec, il ne faut pas sélectionner en amont, mais donner la chance et les outils à tout le monde de pouvoir réussir", avance la patronne de l'Unef. "Il ne faut pas être hypocrites sur cette réforme. (…) Elle vise plus à décourager qu'à accompagner les futurs étudiants. Nous, on se battra pour qu'à la rentrée prochaine, personne ne soit sur le carreau".