"On ne peut pas rester sur des cendres !" : trois mois après l’incendie du cirque, Chanteloup veut tourner la page

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Rémi Bostsarron, édité par Romain David , modifié à
En novembre dernier, le cirque de Chanteloup-les-Vignes brûlait à l'issue d'une nuit d'émeutes. La mairie entend le remplacer, mais aussi reconstruire une salle de spectacle. Autant d'efforts qui incarnent la politique de rénovation urbaine déployée depuis une vingtaine d'année pour casser l'image de ces villes de banlieue.
REPORTAGE

Il y a trois mois et demi, le chapiteau de cirque installé à Chanteloup-les-Vignes partait en fumée après une nuit d'émeutes. Cette commune de 10.000 habitants est devenue un exemple de ville de banlieue à problèmes, symbolisé par le film La Haine sorti en 1995, auquel elle a servi de décor. Depuis, Chanteloup-les-Vignes ne cesse de vouloir casser cette image de cité délinquante. Le quartier de la Noé, au cœur du film, s'est déjà bien transformé, mais la sécurité reste au cœur de la préoccupation des habitants.

Sur place, tout a été nettoyé depuis l’incendie de novembre. Il ne reste que le cabanon en bois de la compagnie de cirque, juste devant une dalle en béton avec une grande flaque d’eau. La directrice de l’association, Neusa Thomasi, ne veut plus penser à ce qui s’est passé. "On ne peut pas rester sur des cendres ! Il faut reconstruire différemment", explique-t-elle à Europe 1. Un nouveau chapiteau doit être livré d’ici un mois, il sera installé juste à côté. À la place de l’ancienne structure, la mairie a déjà prévu de reconstruire une salle de spectacle.

Beaucoup d’habitants évoquent les efforts engagés par la municipalité pour changer l’image de la ville, déjà profondément transformée avec la rénovation urbaine qui s’est engagée dans les années 2000. Le quartier de la Noé s’est désenclavé et il a verdi. "Il ont démoli les tours, rénové les immeubles. Ça fait moins ghetto", constate un riverain. "Il y a moins de dégradations, de bagarres entre bandes, c’est mieux qu’avant", renchérit une autre habitante.

Des jeunes livrés à eux-même

Mais selon les autorités, une poche d’une vingtaine de délinquants résiste toujours. Certains seraient liés au trafic de drogue au pied d’un immeuble. Autour, l’éclairage public est régulièrement vandalisé, ce qui plonge les habitants dans le noir, et cela agace Redouane, une figure bien connue du quartier, et un ancien médiateur. "Je vais voir les jeunes, et je leur dis : 'ça te rapporte quoi de faire ça ?' Ça nous met dans la merde, dans la peur. Les personnes âgées n’osent plus sortir, les gamins ne jouent plus au ballon sous le marché couvert. Il n’y a pas assez de personne pour s’occuper des jeunes qui ne foutent rien. Ça ne peut pas durer comme ça", déplore-t-il. Ce problème fait d’ailleurs partie des priorités des deux listes municipales officiellement déclarées.