"On ne peut pas prendre en otage les fonctionnaires chaque fois que l'on parle de salaire"

  • Copié
Anaïs Huet , modifié à
Concernés par les bas salaires, les agents de la fonction publique réclament eux aussi "un coup de pouce" de l'Etat.
INTERVIEW

Chez eux aussi, l'impatience se fait sentir. Les agents de la fonction publique réclament ce qu'ont notamment obtenu leurs collègues policiers : "un coup de pouce". Chez Matthieu Belliard sur Europe 1 jeudi soir, Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU (syndicat de la fonction publique), a fait part de la frustration grandissante des fonctionnaires.

"Des mesures qui ne vont pas dans le bon sens". Les cinq syndicats, qui seront reçus vendredi à Bercy, demandent à l'exécutif l'intégration des fonctionnaires au dispositif de prime exceptionnelle défiscalisée, que les entreprises du privé pourront bientôt verser à leurs salariés. "C'est une revendication que l'on porte pour l'ensemble des fonctionnaires depuis l'arrivée du gouvernement en responsabilité. Depuis 18 mois, il a décidé de geler le point d'indice, qui est le curseur qui nous permet d'améliorer nos salaires, et pris un certain nombre de mesures qui ne vont pas dans le bon sens. On continue de revendiquer pour tous les agents une amélioration du salaire", soutient Bernadette Groison.

>> De 17h à 20h, c’est le grand journal du soir avec Matthieu Belliard sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

Beaucoup de bas salaires dans la fonction publique. "Nous avons été très choqués et très inquiets de ne pas entendre le président de la République le 10 décembre parler des plus de 5 millions d'agents de la fonction publique. On ne comprend pas pourquoi le gouvernement, qui demande aux entreprises de donner cette prime, ne s'applique pas à lui-même ce principe", s'agace la syndicaliste.

Et de rappeler que les agents de la fonction publique sont, eux aussi, concernés par les bas salaires. "Il y a 40% d'agents qui sont dans la catégorie C, c'est-à-dire quasiment au niveau du Smic. Quand on regarde par versants, c'est même 75% dans la fonction publique territoriale. Et plus d'un million d'agents ne sont pas des titulaires. Dans le monde de l'éducation, tout le monde sait aujourd'hui que les enseignants sont parmi les moins bien payés de tous les pays de l'OCDE", détaille-t-elle.

L'épineuse question de la dépense publique. Si Bernadette Groison martèle que la revendication pour une hausse de ces bas salaires a été rapportée à maintes reprises au gouvernement - sans succès - elle assure que désormais, la coupe est pleine. Et elle anticipe l'argument selon lequel une hausse des salaires entraîne inévitablement une hausse de la dépense publique. "On ne peut pas prendre en otage les fonctionnaires chaque fois que l'on parle de salaire et leur dire : 'Vous, ce n'est pas possible parce que ça va encore accroître la dépense publique'. Vous comprenez bien là qu'il y a un problème de justice sociale et d'égalité sur l'ensemble des salariés", dénonce Bernadette Groison.

Dès lors, la secrétaire générale de la FSU arrivera vendredi à Bercy avec des revendications, mais aussi des idées. "Evidemment que nous savons ce que nos demandes représentent en termes de budget. C'est pour cela que nous faisons partie de ceux qui réclament que l'on cherche d'autres recettes, par des mesures fiscales", indique-t-elle. Elle poursuit : "Il y a une demande de services publics qui monte dans notre pays et qui nous semble légitime, on n'y répondra pas si on ne regarde que dans le cadre contraint qui nous est donné, avec les orientations budgétaires qui sont celles du gouvernement actuellement."

"Nous avons demain matin une réunion, nous avons au moins obtenu ça. Nous espérons que nous aurons des réponses satisfaisantes", lance fermement la syndicaliste. La fin du gel du point d'indice, maintenu en juin dernier pour l'année 2019, devrait faire partie des sujets sur la table.