Simplon numérique 1:28
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Les métiers-clés du numérique n'emploient aujourd'hui qu'environ 15-20% de femmes. Pour favoriser l'accès des femmes à ces métiers, l'école Simplon a mis en place un programme pour en recruter plus et les préparer au mieux au monde du travail.

C’est un secteur d’avenir mais loin d'être paritaire : le numérique emploie en France à peine 30% de femmes. Et, en réalité, une majeure partie travaille dans les fonctions dites "support" comme les RH ou le marketing. Seules 15 à 20% effectuent des tâches dites "techniques". Alors, comment favoriser l’accès des femmes à ces métiers essentiels ? Près de Paris, l’école Simplon, en partenariat avec Apple et la fondation de la Prix Nobel de la Paix Malala Yousafzai, s’efforce depuis un an de former plus de femmes aux métiers du numérique.

"Il va falloir se battre"

Dans une ancienne usine reconvertie, les étudiants de l'Apple Foundation Program planchent en silence sur leur projet : une un mois, il apprennent à coder une application de A à Z. La promotion compte 28 étudiants, dont 12 femmes. Une proportion bien supérieure à celle observée dans les entreprises du numérique. "On a notre place à prendre. Bien plus d’une sont plus compétentes que certains hommes. C’est juste que parfois on n’ose tout simplement pas se lancer", estime Patricia, 38 ans, qui cherche à se reconvertir dans ce "secteur d'avenir".

Par petits groupes mixtes, les élèves écoutent attentivement les consignes des deux formateurs. Amel, 25 ans, est la seule femme de son groupe. Mais la quasi parité de la promotion lui donne confiance pour l'avenir. "C’est hyper encourageant. Ça permet de montrer que les femmes méritent la place qu’elles peuvent avoir. On est sous-représentées dans ce milieu mais c’est pas une raison pour que je baisse les bras", assure-t-elle.

Depuis 2019, le programme Apple de Simplon s'est associé à la fondation de la Prix Nobel de la Paix Malala Yousafzai (à gauche) pour favoriser l'accès des femmes au numérique.

Se battre, ce sera une nécessité pour ces femmes. Zora, leur formatrice, essaye donc de les préparer au mieux à affronter l’univers très masculin du numérique. "Je leur dis qu’on est des femmes et donc qu'il va falloir un petit peu se battre. Le problème c’est que l’environnement n’est pas forcément accueillant", souligne-t-elle. "Mais il va quand même falloir se faire une place, sinon les autres femmes ne voudront pas venir non plus vers le numérique."

Une discrimination positive obligatoire

"Leur montrer des 'role models', des femmes qui réussissent dans le numérique, c'est essentiel", complète Frédéric Bardeau, le président co-fondateur de Simplon. "Tout comme pour les personnes en situation de handicap ou les réfugiés, on assume de faire de la discrimination positive avec les femmes. Sans cela, ça ne peut pas marcher, il y a trop d'obstacles. Donc on recrute un minimum de 30% de femmes, mais idéalement 40-50%, dans les promotions. Et derrière, on fait de la sensibilisation dans les entreprises pour qu'elles les accueillent le mieux possible."

Grâce au nombre croissant de femmes qui se lancent dans le numérique, les mentalités évoluent doucement. Mais la réalité du monde du travail est encore très dure pour elles, tempère Frédéric Bardeau : "On se rend compte qu’au bout de deux ans, les femmes, souvent, quittent le numérique pour reprendre des activités non-numériques. Donc il y a un problème pour les insérer mais après il y a un problème pour les retenir". La route est donc encore longue pour atteindre l’objectif fixé par le gouvernement de 25% de startups du numérique fondées par des femmes d’ici 2025.