Nouvelle minute de silence de soignants face à "la mort annoncée de l'hôpital public"

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avec AFP
De Strasbourg à Bordeaux en passant par Marseille, des soignants de plusieurs hôpitaux ont observé une minute de silence vendredi pour alerter sur "la mort annoncée de l'hôpital public", dénonçant leurs conditions de travail et le manque de moyens.

De Strasbourg à Bordeaux en passant par Marseille, des soignants de plusieurs hôpitaux ont observé une minute de silence vendredi pour alerter sur "la mort annoncée de l'hôpital public", dénonçant leurs conditions de travail et le manque de moyens. À 14h, à l'entrée du Nouvel hôpital civil (NHC) de Strasbourg, environ 300 personnes en blouses blanches se sont regroupées dans le froid pour rester pour la troisième fois immobiles, le regard sombre, pendant une minute.

"Nous voulons continuer à soigner nos patients"

"Nous sommes là aujourd'hui car nous voulons continuer à soigner nos patients malgré l'épuisement, malgré la fermeture des lits, malgré les restrictions budgétaires, (...) mais nous n'y arrivons plus" a déclaré au préalable, au micro, le Dr Sébastien Harscoat, médecin aux urgences et au Samu de Strasbourg. "L'hôpital public se meurt. (....) Sa tête et son corps lâchent, il va tout simplement disparaître", a-t-il ajouté.

Ce rassemblement sous forme de minute de silence sans aucune banderole a été suivi la première fois le 10 décembre aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg, jour d'une visite du Premier ministre Jean Castex. Il a ensuite été reconduit dans d'autres hôpitaux alsaciens et devait avoir lieu vendredi dans une quinzaine de villes en France, selon une liste énumérée par le Dr Harscoat. À Bordeaux, environ 90 soignants se sont regroupés en début d'après-midi devant un bâtiment de l'hôpital Pellegrin.

"Ce qu'on voit ici serait arrivé, Covid ou non"

"Partout en France, on a passé le cap du moment où on soigne les gens moins bien, voire où ne les soigne plus", a dénoncé le Dr Pierre Catoire, médecin aux urgences. "On dépasse parfois les vingt patients qui sont dans des couloirs à attendre qu'un médecin puisse les atteindre pour savoir au moins s'ils sont dans un état grave ou pas", a-t-il ajouté. Selon lui, si la situation est empirée par l'épidémie de Covid-19, elle ne fait que "montre(r) les conséquences des choix faits depuis 20 ans". "Ce qu'on voit ici serait arrivé, Covid ou non."

A Marseille, une dizaine de soignants ont également observé cette minute de silence devant l'hôpital de la Timone. "C'est une mort programmée de l'hôpital public, on fait tout pour nous couler, on ne nous donne pas les moyens de travailler", a dénoncé Aline Tranvouez, aide-soignante en endocrinologie et référente de la mobilisation pour Marseille. Une nouvelle minute de silence des soignants des hôpitaux publics est de nouveau prévue vendredi prochain à 14h.