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Mélina Facchin (correspondante en Meurthe-et-Moselle) / Crédits photo : OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP , modifié à
Payer soi-même les dégâts d’émeutes ou d’intempéries climatiques, c’est impossible pour les petites et moyennes communes. Et pourtant, des centaines d’entre elles ont vu leur contrat d’assurance être résiliés ces derniers mois. Une situation angoissante qui, dans le pire des cas, peut les pousser à fermer des services publics.

Actuellement, plusieurs centaines de communes en France, selon des chiffres de l’Association des maires de France de novembre 2023, se retrouvent face à une perspective angoissante : elles n’ont plus d’assurance. En cas d’inondations ou de vandalisme, ce sera donc à elles de payer la facture. Et c’est justement à cause des émeutes de l’été dernier et des intempéries liées au climat qui se multiplient que les compagnies d’assurances résilient leur contrat. C'est le cas par exemple de la commune de Laxou, 15.000 habitants, en banlieue de Nancy, en Meurthe-et-Moselle.

"C’est la douche froide"

À partir du 30 juin prochain, la commune de Laxou ne sera plus assurée. Groupama a dans un premier temps annoncé en août dernier à Laurent Garcia, le maire, que son contrat serait résilié au 1er janvier 2024. Une échéance finalement repoussée de six mois. La nouvelle a eu l’effet d’une "douche froide" pour l’édile. "Clairement, nous n’aurons pas les moyens d’être notre propre assureur pour la totalité des risques qui pèsent sur une commune", s’inquiète-t-il.

Dans son courrier, la compagnie d’assurance n’a pas justifié cette décision de résiliation, comme la loi l’y autorise. Mais pour Laurent Garcia, cela ne fait aucun doute : c’est à cause des émeutes de juin dernier. À l’époque, il y en avait eu pour 100.000 euros de dégâts dans la commune, pris alors en charge par Groupama. "C’est injuste, ce ne sont pas les maires qui ont déclenché ce mouvement d’insurrection", martèle l’élu. "C’est la double peine : non seulement nos bâtiments ont été gravement endommagés, mais en plus maintenant les assureurs nous expliquent que cela se fera sans eux par la suite", soupire-t-il.

La cantine et le périscolaire menacés

Laurent Garcia cherche donc désespérément un nouvel assureur, s’associe avec d’autres communes des environs qui rencontrent le même problème. En vain pour l’instant. Alors si rien ne bouge, au 30 juin prochain, il n’aura pas d’autre choix que de fermer certains services publics. "Pas les services régaliens comme l’état civil : les gens pourront toujours venir faire leur carte d’identité", rassure-t-il. "Les écoles resteront aussi évidemment ouvertes", poursuit l’élu. "Mais on se pose des questions sur la cantine ou la garderie du soir", reconnaît-il. 

Europe 1 a contacté les deux principaux assureurs sur le marché des contrats avec les collectivités : Groupama et SMACL Assurances, ainsi que France Assureurs, le principal organisme de représentation des entreprises d’assurance. Tous précisent que le taux de résiliation de contrat avec des communes reste très faible : 1% seulement en 2023. "Un chiffre constant" par rapport aux années précédentes, insistent-ils.

Mais ils admettent que les émeutes de juin 2023 ont engendré "une charge sinistre conséquente". Et surtout, "les impacts du réchauffement climatique sont de plus en plus importants" : les indemnisations liées à ces phénomènes ont été multipliées par trois en dix ans pour les assureurs.