Nord : les premiers allocataires du RSA non inscrits à Pôle Emploi sanctionnés

Le département du Nord a repéré 45.000 personnes qui touchent le RSA sans être inscrites à Pôle Emploi (Image d'illustration)
Le département du Nord a repéré 45.000 personnes qui touchent le RSA sans être inscrites à Pôle Emploi (Image d'illustration) © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Lionel Gougelot avec G.M. , modifié à
2.000 sanctions ont été prononcées. Certaines personnes menacent de plaintes devant le tribunal administratif.

Les premières sanctions sont tombées dans le Nord contre certains allocataires du RSA. C'était un engagement de Jean-René Lecerf, nouveau président Les Républicains du Conseil départemental. Pour mieux contrôler les dépenses sociales, il avait annoncé qu'il retirerait leurs allocations aux bénéficiaires du RSA qui refusent de s'inscrire à Pôle Emploi ou qui ignorent les propositions de formation. Le département a déjà sanctionné plus de 2.000 allocataires.

45.000 non-inscrits. Sur les 115.000 bénéficiaires du RSA dans le Nord, le département a repéré 45.000 personnes qui touchent l'allocation sans être inscrites à Pôle Emploi et qui ne sont pas engagées dans un quelconque parcours d'insertion. La majorité des 5.000 premiers allocataires contactés individuellement par les services sociaux ont accepté de s'inscrire à Pôle Emploi. D'autres, environ 2.000 pour le moment, continuent de refuser toute contre-partie. "Le RSA, ce sont des droits, mais ce sont aussi des devoirs. Devoirs de faire des efforts d'insertion et il est normal que ces personnes soient aussi sanctionnées", explique Jean-René Lecerf.

"Ce sont des sanctions qui sont prises par des équipes qui réunissent la CAF, la MSA (sécurité sociale agricole), le département et les représentants des allocataires du RSA", poursuit-il. "Dans un premier temps, c'est une baisse de 100 euros de l'allocation et ensuite ça peut être une suspension pour quatre mois et une radiation", détaille-t-il.

Ouverture de plateformes pour l'insertion professionnelle. À côté de ces sanctions, pour inciter au retour à l'emploi, le département du Nord a ouvert des plateformes pour l'insertion professionnelle, des formations ou des emplois proposés par les entreprises. 3.000 personnes en ont bénéficié et pour la première fois, le nombre de bénéficiaires du RSA est en léger recul dans le département.

L'opposition de certains. Pourtant, certains font clairement savoir leur opposition à cette mesure. "On a déjà eu deux ou trois personnes qui sont venues nous voir donc on essaye de réagir avec les gens pour obtenir que cette sanction soit annulée, mais pour l'instant le Conseil général ne veut rien savoir. Donc, on essaye de motiver les gens pour aller au tribunal administratif pour faire annuler ces sanctions et pour dire qu'il est inadmissible de s'attaquer aux plus précaires des précaires", explique Serge Havet, de l'association Agir ensemble contre le chômage.

'Donnez-leur du boulot". "On est d'accord qu'il faut des contreparties, mais qu'est-ce qu'on leur a proposé depuis qu'ils sont au RSA ?", s'interroge-t-il. "On les a laissé démunis, on ne s'est jamais occupé d'eux et tout d'un coup on leur dit 'si vous ne travaillez pas, si vous ne trouvez pas de boulot : sanctionné !'. Alors moi, je dis à monsieur Lecerf : donnez-leur du boulot ! Les histories d'économies, il faut arrêter. Les gens ne demandent pas à être au RSA, les gens demandent d'avoir un revenu décent, un véritable emploi et une véritable insertion", poursuit Serge Havet. "Nous, c'est ce que l'on veut, mais les sanctions c'est insupportable pour nous, on n’admettra jamais les sanctions contre les plus précaires", conclut-il.