Le dispositif permet de repérer les enfants n'étant scolarisés ni à l'école ni à domicile. 1:24
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Maximilien Carlier, édité par Antoine Terrel , modifié à
Depuis près d'un an, des cellules anti-évitement scolaire sont mises en place dans six communes du Nord. Objectif : repérer les enfants dont les familles ont choisi de ne pas les inscrire à l'école, tout en refusant de leur fournir une instruction à domicile. Cette cellule a pour l'instant permis de rescolariser une trentaine d'enfants.
REPORTAGE

Après des semaines de polémique, le gouvernement a présenté mercredi son projet de loi contre les séparatismes. Parmi la batterie de mesures allant de l'éducation aux associations en passant par la haine en ligne ou le financement des cultes, l'exécutif veut notamment lutter contre les écoles clandestines et la déscolarisation. Le gouvernement prévoit ainsi de restreindre l'instruction à domicile qui concerne désormais 62.000 enfants, même si des dérogations resteront finalement possibles

Dans le Nord, un dispositif inédit a été mis en place il y a près d'un an dans six communes : Lille, Roubaix, Tourcoing, Valenciennes, Maubeuge et Denain. Des cellules anti-évitement scolaire y sont chargées de détecter les enfants qui ne bénéficient pas de l'instruction obligatoire.

Une cellule qui a détecté 100 enfants hors des radars 

Cette cellule anti-évitement scolaire a permis de détecter 100 enfants hors des radars, qui ne vont pas à l'école sans pour autant bénéficier d'une instruction à la maison. Pour repérer ces enfants, "nous avons croisé les fichiers de la caisse d'Allocation familiale, de l'Éducation nationale et puis de la commune, afin de voir si certains ont des noms que les autres n'ont pas", explique Emmanuel Cherrier, adjoint au maire à Denain. 

Dans cette ville, une dizaines de cas d'absentéisme ont été constatés, avec des parents qui, par exemple, négligent l'éducation de leur enfant. Dans ce cas-là, la cellule se met en place. "Nos agents vont se présenter au domicile. Cela peut être également des agents de police municipale si on voit que des familles essaient d'éviter le contact avec la commune", détaille encore Emmanuel Cherrier. 

"Des phénomènes de repli communautaire"

Conséquences : une mise en demeure, voire une sanction pénale si rien ne change. En ce moment, une vingtaine d'enquêtes sont encore en cours. "Il y a 20 familles qui ont choisi de ne pas scolariser leur enfant, ni de les instruire", confirme Daniel Barnier, préfet délégué pour l'égalité des chances du Nord. "Il est possible que dans ces 20 familles, il y ait des phénomènes de repli communautaire, un refus des règles de la République et sans doute aussi, quelque part, un refus des règles de mixité filles/garçons."

Cette cellule a permis de rescolariser une trentaine d'enfants. Les autres étaient inscrits en Belgique ou dans un Institut médico-éducatif, qui n'apparaissait pas sur les listes de l'Éducation nationale.