Cheval 1:37
  • Copié
Jean-Luc Boujon, envoyé spécial à Mijoux, édité par Mathilde Durand , modifié à
Les cas de mutilations de chevaux se sont multipliés en France cet été. Oreilles tranchées, pattes tailladées : des sévices, très violents, ont été signalés dans une dizaine de départements. En Suisse, les propriétaires d'équidés s'inquiètent et rapatrient leurs animaux, en pension de l'autre côté de la frontière. 
REPORTAGE

Après de nombreux cas de mutilations de poneys et de chevaux ces dernières semaines dans une dizaine de départements de France, la peur gagne désormais les pays frontaliers. En Suisse, pays voisin du Jura où cinq actes de cruauté se sont produits au mois d'août, les propriétaires d'équidés s'inquiètent. Certains, qui avaient mis leurs bêtes en pension en France, commencent à les rapatrier. Oreilles tranchées, mutilations des organes génitaux, corps lacérés : les sévices se sont accélérés au cours de l'été. Le ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, s'est même rendu le 29 août dernier dans un centre équestre, promettant "une mobilisation de tous les services pour que justice passe".

"Ces chevaux, ce sont la famille"

Anouk Thibaud, propriétaires de quatre chevaux comtois, n'a pas voulu attendre. Cette propriétaire d'un refuge pour équidés, situé à côté de Genève, a récupéré ses animaux en fin de semaine dernière de l'autre côté de la frontière, à Mijoux, dans le massif du Jura. Obélix, un mâle imposant, et ses trois juments, étaient en pension depuis le début de l'été, mais les derniers actes de mutilation qui ont eu lieu à trente kilomètres de là ont fini de la convaincre d'abréger leur séjour en France.

"Cela fait deux semaines que ça nous hante jour et nuit. Tous ces sévices se rapprochent de la frontière", confie-t-elle. "Ces chevaux, ce sont la famille. Obélix, ça fait 20 ans que je l'ai, c'est un compagnon de vie. C'est vraiment de la barbarie."

"C'est invivable" 

La propriétaire suisse n'est pas la seule à avoir pris cette décision, ce que comprend Jean-Marc Lanson, l’agriculteur jurassien qui s'occupait de ses chevaux. "Je comprends tout à fait le choix de redescendre les animaux cette année. Ils étaient plus en sécurité", assure-t-il. "J'ai encore des chevaux, on les a rapprochés du corps de la ferme pour les avoir relativement proche de nos yeux".

"Les attaques peuvent survenir aussi bien la nuit que le jour, et donc c'est invivable", ajoute l'agriculteur. Les patrouilles de gendarmes se sont multipliées dans le secteur ces derniers jours pour tenter d'endiguer ces actes de violence, sans succès pour l'instant.