1:27
  • Copié
Sylvain Allemand // Crédits : MAGALI COHEN / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
Philippe Coopman, âgé de 22 ans, a été tué à Grande-Synthe, dans le Nord, dans un guet-apens. L’un des suspects interpellés a déclaré aux enquêteurs avoir créé un faux profil sur le site Coco.gg, en se faisant passer pour une jeune fille mineure et avait donné rendez-vous au jeune homme. Depuis plusieurs années, les pièges semblables à celui-ci se multiplient via la plateforme.

Un site à la sombre réputation. Philippe Coopman, âgé de 22 ans, a été tué à Grande-Synthe, à la suite d’un guet-apens. L’un des trois suspects interpellés a affirmé en garde-à-vue avoir créé un faux profil de jeune fille mineure sur le site de rencontres Coco.gg. Selon lui, il aurait donné rendez-vous à Philippe sous cette identité féminine pour ensuite le "punir" d’avoir accepté la rencontre.

Des allures de site internet d'un ancien temps

Encore une fois, le nom de Coco.gg revient dans une affaire criminelle. Pourtant, à première vue, la plateforme, d’origine française, a des allures de site internet d’un ancien temps et à l’abandon. "Ce site permet des discussions sans modération et est très souvent au cœur de faits divers violents", indique à Europe 1, Eric Henry, délégué national Alliance Police.

Les prérogatives pour entrer en contact avec d'autres personnes y sont légères. "Il n'y a aucune inscription nécessaire pour entrer. Pas d'email, pas de téléphone. Il suffit d'entrer un pseudo, déterminer son âge, son genre et son code postal", ajoute le policier. Des conditions d’accès succinctes permettant aux personnes malintentionnées de se créer une fausse identité rapidement. Sur la gauche de la page d’accueil, les utilisateurs peuvent avoir accès à des thèmes allant de "cuisine" à "femmes infidèles" et sur la colonne de droite se trouve l’ensemble des membres connectés avec leurs pseudos, âges et villes.  

Le terrain de chasse des criminels 

Depuis plusieurs années, la plateforme est utilisée par "des pédophiles, des proxénètes, des trafiquants en tous genres, notamment stups et armes et pour des guet-apens homo et hétéro", selon Eric Henry. Les pièges et les actes pédocriminels menés via Coco.gg sont devenus monnaie courante dans l’actualité. En octobre dernier, un homosexuel a été la victime d’un guet-apens via le site.

Autre affaire tristement célèbre et liée à la plateforme : la condamnation à la corruption de mineurs du chanteur Richard Dewitte, interprète de J’ai encore rêvé d’elle. Le chanteur du groupe Il était une fois, échange sur des sujets scabreux avec une certaine "Camille2009" qui se présente comme une adolescente de 13 ans. L’homme de 77 ans convient avec sa correspondante d’un rendez-vous sur un parking. Mais à la grande surprise du musicien, ce n’est pas une adolescente qui se présente à lui, mais les gendarmes.  

Très compliqué à fermer

La dangerosité du site est dénoncée depuis des années par des associations comme SOS Homophobie et Innocence en danger. En 2016, l’organisation de défense de l’enfance avait lancé une pétition pour réclamer la fermeture du site. "Coco.gg est immatriculé sur l'île anglo-normande de Guernesey et est possédé par une entreprise bulgare. Une fermeture ne peut pas être exigée par la France qui n'a aucune autorité sur ce territoire. L'enquête peut être longue et difficile et l'identification du ou des auteurs exige l'authentification de l'IP de l'ordinateur", explique Eric Henry. 

Mais depuis le mois d'octobre dernier, le règlement européen sur les services numériques permet de poursuivre des plateformes dans le monde entier dès lors que les citoyens européens sont ciblés. "Les utilisateurs peuvent considérer que l'utilisation du réseau social porte atteinte à la vie privée et ça ne serait pas insensée de saisir les juridictions au titre de la protection qui leur est donnée par le DSA", explique Véronique Rondeau-Abouly, avocate, au micro d'Europe 1.