Mobilisation en hausse, heurts à Toulouse : ce qu'il faut retenir de l'acte 22 des gilets jaunes

5.000 personnes ont manifesté dans les rues de Paris.
5.000 personnes ont manifesté dans les rues de Paris. © THOMAS SAMSON / AFP
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Antoine Terrel avec AFP , modifié à
31.000 personnes ont défilé en France, dont 5.000 à Paris, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, pour l'acte 22 des "gilets jaunes".

Pour la première fois depuis deux semaines, les "gilets jaunes" sont parvenus à enrayer la baisse de la mobilisation entamée lors de "l'acte 20". Après un "acte 21" marqué par la plus faible participation depuis le début du mouvement le 17 novembre, les opposants à Emmanuel Macron ont remis la pression sur le chef de l'État, qui doit présenter ses annonces pour sortir de la crise dans les prochains jours. Europe 1 fait le bilan de "l'acte 22". 

Une mobilisation en légère hausse

Les manifestations de ce samedi ont rassemblé 31.000 personnes en France, dont 5.000 à Paris, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, régulièrement contestés par les manifestants. La semaine dernière, 22.300 manifestants avaient été recensés par le ministère de l'Intérieur dans tout le pays, dont 3.500 à Paris. Lors de "l'acte 19", une semaine auparavant, 33.700 personnes avaient été comptabilisées sur l'ensemble du territoire. De son côté, la page "Le Nombre jaune" a revendiqué "80.504 personnes sur 180 actions recensées". 

A Paris, une manifestation contre la loi anticasseurs 

Dans la capitale, les manifestations se sont déroulées globalement dans le calme. Pour la troisième semaine consécutive, la préfecture de Police avait interdit tout rassemblement sur les Champs-Élysées. Le cortège parisien a donc convergé en début d'après-midi vers la place de la République, pour y rejoindre une marche pour "la liberté de manifester". Cette marche, à l'initiative de plusieurs associations comme la LDH, Amnesty, Attac, ou encore SOS Racisme, voulait protester contre la controversée loi "anticasseurs" promulguée jeudi. Dans le viseur des manifestants, notamment, le délit de dissimulation volontaire du visage puni d'un an d'emprisonnement et 15.000 euros d'amende. Le rassemblement parisien comptait dans ses rangs plusieurs membres de la France insoumise, dont Jean-Luc Mélenchon.

Des heurts ont cependant éclaté en fin d'après-midi sur la place de la République, quand des manifestants ont visé les forces de l'ordre par des jets de bouteille, ces dernières répliquant par des tirs de gaz lacrymogène. Au total, selon la préfecture, les forces de l'ordre ont procédé à 27 interpellations et 9.473 contrôles préventifs.  

Plusieurs cortèges en régions, des heurts à Toulouse

Des rassemblements avaient lieu comme chaque semaine dans de nombreuses villes françaises. Et pour cet acte 22, la "capitale" du jour était Toulouse, une des places fortes du mouvement. Ainsi, près de 4.500 personnes ont arpenté les rues de la "Ville rose", selon une source policière, avec parmi eux plusieurs figures médiatiques des "gilets jaunes" : Maxime Nicolle, Priscillia Ludosky, et Eric Drouet. 

Mais très vite, le rassemblement a été émaillé d'affrontements entre les "gilets jaunes" et les forces de l'ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogène, de grenades assourdissantes, et de canons à eau pour repousser certains manifestants. Des "individus habillés en noir, masqués ou cagoulés, équipés, ont pris à partie les forces de l'ordre avec de multiples jets de projectiles et feux d'artifices", a affirmé la préfecture, chiffrant à "plusieurs centaines de personnes les profils violents". Au total, selon les chiffres de la préfecture, 23 personnes ont été interpellées, dont plusieurs pour "dissimulation volontaire du visage". Deux personnes ont été blessées et se trouvent en "urgence relative". Une remorque de chantier, puis plus tard une camionnette et un scooter ont été incendiés, tandis qu'une moto de police, du mobilier urbain et des vitres ont été dégradés.

La mobilisation était en revanche en baisse dans un autre bastion historique du mouvement, Bordeaux. "Seulement" 1.300 "gilets jaunes" ont défilé, selon une source proche du dossier. En début de soirée, un communiqué de la préfecture ne déplorait "aucune dégradation ni destruction matérielle" et précisait qu'il avait été procédé à "six interpellations". 

Ils étaient un petit millier à Lille à emprunter un parcours alternatif en raison de l'interdiction de manifester en centre-ville. Quatre personnes ont été interpellées et 42 verbalisées à Nancy, dans le cadre d'une manifestation interdite dans le centre-ville, selon la préfecture de Meurthe-et-Moselle. Environ 320 personnes étaient présentes dans le cortège.  

Pour la première fois depuis le début du mouvement à Lyon, un périmètre avait été interdit aux "gilets jaunes". Mais plusieurs cortèges se sont tout de même élancés dans la capitale des Gaules. Réunis à l'initiative de plusieurs associations contre la loi anticasseurs, environ 450 personnes ont manifesté, rapporte Le Progrès. Puis, environ 500 "gilets jaunes" se sont élancés avant d'être rejoints par la manifestation syndicale. Quelques accrochages ont eu lieu entre les manifestants et les forces de l'ordre, mais "aucun incident d'envergure n'a été signalé", note le quotidien. Trois personnes ont été interpellées. 

Des manifestations avaient également lieu à Laval, Nantes, Roanne, ou encore Le Havre et Strasbourg. 

Un nouveau sursaut lors de l'acte 23 ? 

Dans les cortèges, de nombreux "gilets jaunes" évoquaient déjà le rendez-vous de la semaine prochaine, annoncé comme "l'ultimatum 2", en riposte aux futures annonce de l'exécutif. "La menace semble plus forte pour le 20 avril, vous avez vu un certain nombre d'appels qui invitent quasiment à détruire Paris", s'est d'ores et déjà inquiété en fin de semaine le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.