Publicité
Publicité
Renforcement de l'Union européenne : "Emmanuel Macron n'a jamais joué aussi gros"

Renforcement de l'Union européenne : "Emmanuel Macron n'a jamais joué aussi gros"

La Carte blanche de Catherine Nay
13 avril 2019 Épisode · Politique
Description de l'épisode

Ce samedi, Catherine Nay décrypte les péripétie du Brexit, la fracture du couple franco-allemand et les conséquences pour Emmanuel Macron.

 


Bonjour Catherine,

Bonjour Bernard, bonjour à tous.

Brexit, c'est reparti pour un tour ! Programmé pour le 29 mars, puis le 12 avril, puis le 24 mai, le Brexit pourrait avoir lieu le 31 octobre, ou plus tard. Mais l'événement politique cette semaine, c'est que pour la première fois depuis le référendum de juin 2016, l'unité des 27 s'est fissurée et le couple franco-allemand est apparu désuni.

Ce qui s'est passé dans la nuit de mercredi à Bruxelles n'est pas une bonne nouvelle pour l'Europe. Il y a trois semaines, les 27 étaient encore sur une ligne de fermeté. Pas question de se laisser manœuvrer par Theresa May. Et puis ils ont changé d'avis. C'est que tout le monde a beaucoup à perdre avec un no deal, la rupture brutale et le rétablissement instantané des barrières douanières, ça coûterait très cher. Mais rien ne dit que les Anglais, qui ont été jusqu'ici incapables de trouver un accord depuis deux ans et demi, réussiront à se mettre d'accord d'ici le 31 octobre.

Donc, rien ne dit qu'à l'automne la Grande-Bretagne ne continuera pas son chantage au Brexit dur, car il n'y a plus de deadline, et peut-être même qu'il n'y en aura jamais. peut-être qu'ils ne partiront pas. Bref, l'incertitude se prolonge. Mais en attendant, les entreprises, les pays, doivent se préparer à toutes les éventualités.

Ce qui veut dire qu'en attendant le bon vouloir des Anglais, toutes les discussions pour renforcer l'Europe, pour qu'elle se protège face aux géants américain et chinois sont paralysées.

Ça, c'est le projet de renaissance européenne d'Emmanuel Macron, qui est arrivé mercredi soir tout feu tout flammes, affichant son impatience. Le Brexit ne devait pas bloquer cette ambition-là. Tandis qu'Angela Merkel faisait assaut d'amabilités envers Theresa May. Elle était prête à lui accorder un an de délai. Le vote se faisant à l'unanimité, Emmanuel Macron a accepté le compromis du 31 octobre. Il aurait pu opposer un veto, mais il ne l'a pas fait. C'est sûrement pour lui une désillusion. Il avait cru que la Chancelière profiterait des dernières années de son mandat pour se montrer ambitieuse pour accompagner une mutation de l'Europe.

En réalité, elle ne veut pas bouger. Pas d'ennui inutile, elle est figée. Elle n'a jamais répondu à la lettre qu'Emmanuel Macron lui avait adressée. Elle ne pense qu'à protéger l'industrie automobile allemande qu'un no deal mettrait en péril, côté britannique. Déjà que Donald Trump menace de surtaxer de 25% leurs exportations vers les Etats-Unis. Donc, pas d'histoire. Et la nouvelle leader de la CDU, Annegraët KrampKanbauer, dite AKK, ne dit pas un mot sur la zone euro. Elle n'a qu'une autre priorité, de politique intérieure : refaire l'unité de la droite et du centre.

Mais au fond, cette fracture du couple franco-allemand, ça arrange aussi les Européens.

La majorité des 27 souhaite au fond que l'Union reste plus ou moins dans l'état où elle est. Et ils sont plutôt contents que le Brexit coupe court aux discussions de fond sur l'évolution de l'Europe. Certains plaident même que si Emmanuel Macron est si dur contre Londres, c'est qu'il veut dissuader les populistes en France d'élaborer des plans Frexit. Il y a aussi les pays qui pensent qu'Emmanuel Macron n'a pas tort : l'Espagne, la Belgique. Si l'on veut que le mode de vie européen survive, il faut se renforcer, se protéger. Tous admirent sa grande énergie.

Mais il énerve aussi, par son ton : "c'est moi qui ai raison", sa façon de faire la morale. Mais voilà : Emmanuel Macron ne pourra rien faire sans les autres, et pour l'instant, il est très très minoritaire.

Il apparaît comme un homme un peu seul, ce qu'il est aussi aujourd'hui en France.

Question : y a-t-il pour lui un mauvais alignement des planètes ? Dans quelques heures, nous saurons ce qu'il a compris des messages des Français et quelles sont ses réponses. C'est le rendez-vous le plus important de son quinquennat. Jamais, depuis son élection, il n'aura été à ce point au pied du mur, jamais il n'a joué aussi gros. C'est pour lui, un quitte ou double !

Animateurs associés
Publicité
En lien avec cette émission
Sonia Mabrouk et Laurence Ferrari - La France en face
Politique

La France en face

Laurence Ferrari, Sonia Mabrouk

Alexis Delafontaine
Politique

La semaine politique

Alexis Delafontaine

La semaine politique, c'est une heure de débats et d’interviews consacrés à l’actualité politique.

Louis Sarkozy, fils de l’ancien Président de la République Nicolas Sarkozy, s’entretient avec ceux qui font l’actualité nationale et internationale. Produit par le média belge « 21NEWS », ce podcast est à découvrir sur Europe1.

Ce dimanche, le Premier ministre François Bayrou donnera une interview aux quatre chaînes d'information en continu - CNews, BFMTV, LCI et Franceinfo - à un peu plus d'une semaine du vote de confiance, le 8 septembre. Un entretien à suivre en direct sur Europe 1.

Ce dimanche, le Premier ministre François Bayrou donnera une interview aux quatre chaînes d'information en continu - CNews, BFMTV, LCI et Franceinfo - à un peu plus d'une semaine du vote de confiance, le 8 septembre. Un entretien à suivre en direct sur Europe 1.

devilno
Politique

Le grand rendez-vous

Pierre de Vilno

Une heure d’entretien incontournable en partenariat avec CNEWS et Les Echos. Une personnalité politique, un dirigeant économique ou un intellectuel revient sur les grands thèmes de l'actualité et répond aux questions sans détour de Pierre de Vilno pour apporter des réponses concrètes aux Français.

De Charles de Gaulle à Emmanuel Macron, Europe 1 a tendu son micro à tous les chefs d’État de la Ve République. Réécoutez ces entretiens exclusifs issus de nos archives qui ont marqué l’histoire politique française.<br /> Vous découvrirez entre autres, le tout premier débat radio ou encore le premier numéro du « club de la presse »…<br /> <br /> “Les Grands Entretiens” est disponible sur le site et l’application Europe 1 ainsi que sur toutes les plateformes d’écoute.<br />

Politique

Démissions !

Olivier Duhamel

Les mandats non déclarés de Jean-Paul Delevoye et les homards de François de Rugy : en l’espace de quelques mois, deux ministres de premier plan ont été poussés vers la sortie en pleine tourmente. Deux cas d’actualité dans une liste en réalité très longue. Avec les meilleures archives d’Europe 1, le politologue Olivier Duhamel raconte l’histoire des démissions de ministres sous la Ve République, d’Antoine Pinay à Jean-Pierre Chevènement, des "Juppettes" à Arnaud Montebourg. Au fil des années, nos ministres en sont venus à répondre de moins en moins de leurs actes sur le plan strictement politique pour relever d’une responsabilité morale, plus diffuse, plus aléatoire. Au point de mettre la démocratie en danger ?Ce podcast est réalisé en partenariat avec Le Club des Juristes.

Jacques Chirac, l’ancien président de la République, est mort à l’âge de 86 ans. Il n’était plus apparu en public depuis plusieurs années mais son destin a épousé pendant des décennies celui de la France, de la Corrèze à l’Elysée. Découvrez nos récits et réécoutez nos meilleures archives dans ce podcast "Chirac : une histoire française".

Politique

Après #PassionConstitution, Olivier Duhamel revient pour une nouvelle série "podcastique" en huit épisodes intitulée "Nos présidents dans la tourmente". Car cela ne vous a pas échappé : Emmanuel Macron a dû faire face ces derniers mois à une crise sociale et politique d’une ampleur inédite, celle des "gilets jaunes". Mais avant lui sous la Ve République, d’autres chefs de l’Etat français ont également affronté des tempêtes, des tourmentes, des "affaires", bref des crises en tout genre. Comment ont-ils fait face ? Et en quoi les institutions les ont aidés à tenir ? Ce podcast est réalisé en partenariat avec Acadomia

1958-2018 : il y a 60 ans naissait la Ve République. Mais la Constitution n’a pas été écrite en une nuit et ce régime ne s’est pas installé du jour au lendemain, loin s’en faut. Dans une série originale inédite imaginée pour Europe 1 Studio, Olivier Duhamel raconte la naissance de la Ve République. De Colombey-les-Deux-Eglises à l’Elysée, en passant par Alger : découvrez ce récit en huit épisodes avec les archives de l’époque au micro d’"Europe numéro 1".