Mineurs cyberharcelés : un quart des familles touchées en France

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Face au cyberharcèlement des enfants, le gouvernement avait annoncé fin septembre plusieurs mesures afin d'identifier et de punir les harceleurs numériques. © Manan VATSYAYANA / AFP
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avec l'AFP
Selon une étude publiée ce mardi par l'association e-Enfance, un quart des familles françaises ont déjà été exposées au cyberharcèlement d'un mineur. Un chiffre qui s'explique en partie par une "fréquentation intense" des réseaux sociaux par les enfants.

Un quart des familles ont déjà été confrontées à la question du cyberharcèlement d'un mineur, parfois dès que leur enfant fréquente l'école primaire, selon un sondage publié mardi par l'association e-Enfance qui répond au 3018, numéro national pour les victimes de violences numériques. "C'est une proportion énorme, qui signifie qu'il n'y a plus de classes ou d'établissements scolaires à présent qui ne vivent pas de harcèlement", souligne auprès de l'AFP Justine Atlan, directrice générale d'e-Enfance.

Dans le détail, 15% des enfants en école primaire ont déjà été confrontés au cyberharcèlement, indique cette étude financée par la Caisse d'Epargne. C'est également le cas de 25% des mineurs au collège et de 27% de ceux au lycée. Pour faire face à ce phénomène d'ampleur, le gouvernement a présenté fin septembre une série de mesures, allant du signalement systématique des cas de harcèlement à la justice à la volonté d'exclure les élèves harceleurs des réseaux sociaux.

"Le cyber a fait sortir le harcèlement des murs de l'école"

Ce développement du cyberharcèlement s'explique notamment par la "fréquentation intense" des réseaux sociaux par les enfants, dès l'école primaire. Ainsi, 86% de la tranche d'âge 8-18 ans sont inscrits sur ce type de site, dont 67% des écoliers, 93% des collégiens et 96% des lycéens. Le sondage montre que la moitié des victimes ont rencontré des difficultés dans leur scolarité et ont été perturbées par "des insomnies, des troubles de l'appétit, du désespoir".

"Le cyber a fait sortir le harcèlement des murs de l'école, les victimes n'ont plus de moment d'apaisement le soir ou le week-end car la violence continue en ligne, ce qui est extrêmement traumatisant", pointe Justine Atlan. Parmi les sondés, 6% des enfants reconnaissent avoir été auteur de cyberharcèlement, parfois de façon involontaire. Ceux qui ont eu un tel comportement l'ont majoritairement fait pour "rigoler" (47%). "Cela montre que l'on n'a pas tous le même niveau d'empathie naturellement, on voit le travail à faire pour éveiller les consciences", commente Justine Atlan.

Des cours d'empathie à la rentrée 2024

Le gouvernement prévoit à cet effet de généraliser à la rentrée 2024 les cours d'empathie, une méthode de lutte contre le harcèlement mise en place depuis une vingtaine d'années dans les pays scandinaves. D'autres mineurs ont participé à du cyberharcèlement pour "faire comme les autres" (29%), "se faire accepter" (24%) ou "se venger" (10%). Cette étude a été réalisée par l'institut Audirep en juin par internet, auprès d'un échantillon de 1.200 binômes, composés d'un parent et de son enfant mineur scolarisé.