Meurtre de Mireille Knoll : le mobile antisémite remis en cause

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Pierre de Cossette, édité par Romain David , modifié à
L'un des deux mis en examen dans l'affaire du meurtre de cette octogénaire juive est revenu sur sa première version des faits, dans laquelle il arguait du caractère antisémite.

L'un des deux hommes mis examen pour meurtre à caractère antisémite, après la mort de Mireille Knoll, 85 ans, est convoqué mardi chez le juge d'instruction. C'est sur lui que pèsent les principales charges, mais son congénère, qui l'avait d'abord accusé, a depuis tempéré ses déclarations. Or, en l'absence de témoin, c'est principalement sur la foi de ses propos que la justice a retenu le caractère antisémite du meurtre de cette vieille femme juive.

"Un plan thunes". L'après-midi du meurtre, Alex, 22 ans, vient chez Mireille Knoll à la demande de son copain Yacine, voisin de la vieille dame depuis qu'il est enfant. "Pour un plan thunes", dit-il. Pour voler donc. Le jeune homme se souvient alors avoir entendu Yacine dire que "les juifs ont une bonne situation", avant que ne s'enclenche un engrenage d'ultraviolence contre la vieille femme, conclu dans le sang et les flammes.

Une phrase qui n'aurait pas été prononcée. Une version livrée en garde à vue, et "sous le choc", nuance-t-il désormais. Devant la juge d'instruction, Alex a rétro-pédalé. "La bonne situation des juifs" ? Une phrase qu'il n'a jamais entendu, assure-t-il. Il prétend également que c'est la rancœur de Yacine contre l'octogénaire, pour une histoire de prison après l'agression sexuelle d'une mineure hébergée chez cette dernière, qui l'a précipité subitement dans une folie meurtrière.

Un crime "mâtiné d'antisémitisme". De son côté, Gilles-William Goldnadel, l'avocat de la famille Knoll, ne croit pas un instant à ce revirement. "Ce qui est important, c'est la version spontanée", assure-t-il à Europe 1. "Que l'accusé, ou le co-accusé, revienne sur ses déclarations après avoir parlé avec je ne sais pas qui, c'est nettement moins intéressant", balaye-t-il. "Ce qui compte pour moi, c'est qu'il maintient que Yacine a bien dit 'Allah Akbar'. C’est un crime crapuleux, mâtiné d'antisémitisme", affirme-t-il. Un crime dont les deux suspects se rejettent la responsabilité. Mardi après-midi, Yacine aura à son tour l'occasion de livrer sa version devant la juge d'instruction.