Les croisières tuent. Les habitants des quartiers Nord de Marseille en sont convaincus. Chaque jour ils respirent les gaz des bateaux de croisière branchés sur le port. Ils réclament des chiffres clairs sur le taux de particules fines dans l'air, mais le port reste fermé. Les associations locales Stop croisières, Alternatiba et Cap au Nord déposent une plainte au pénal et espèrent l'ouverture d'une enquête.
"Dès que je suis ailleurs, je vais mieux"
Quand elle était jeune, Michèle Rosier avait vue sur la mer depuis sa maison de l'Estaque. Aujourd'hui, elle contemple des immeubles flottants et respire leurs moteurs allumés sans arrêt. "Quand un bateau arrive, il y a des taux incroyable de particules fines. C'est fou", déplore-t-elle. Respirer dans les quartiers Nord, c'est se tuer à petit feu pour Michèle. "Je m'étouffe, je ne suis pas bien. Dès que je suis ailleurs, je vais mieux. Il y a bien quelque chose quand même", alerte l'habitante. Cependant, il faut prouver que c'est la pollution des bateaux qui provoque des problèmes respiratoires et aggrave certaines maladies. Le but de cette plainte contre X est de faire ouvrir une enquête.
"La pollution maritime, c'est quelque chose d'énorme. Le fioul lourd est 3.500 fois plus polluant que du diesel ou de l'essence. Évidemment, cela a des conséquences sur la santé. L'intérêt d'une plainte, c'est de dire qu'on essaie d'isoler des responsabilités, des comportements particuliers qui ont pour conséquence une pollution excessive", précise Maitre Nicolas Chambardon. 25 Marseillais ont déjà déposé des documents de santé et des témoignages pour construire le dossier. Les avocats espèrent que de nombreux habitants vont encore apporter des preuves et qu'un jour, un procès soit ouvert.