Marie a perdu son mari après avoir éprouvé des deuils successifs : "Tout est brisé"

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Léa Beaudufe-Hamelin
Après avoir perdu plusieurs personnes qui lui étaient chères, Marie vient de perdre son époux. Marie, éprouvée par ces deuils successifs et surtout celui de son mari, a fait une dépression. Elle raconte ses deuils et son chagrin à Olivier Delacroix au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1.
TÉMOIGNAGE

Marie vit une série noire de deuils. Après sa belle-mère, une amie et sa tante, elle vient de perdre son mari, décédé subitement d’une rupture d’anévrisme. Ces deuils successifs éprouvent Marie qui est tombée en dépression après le décès de son époux. Elle raconte ses deuils et confie sa douleur et son chagrin à Olivier Delacroix au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1.

 

"En 2016, j’ai perdu ma belle-maman, qui était très malade depuis de nombreuses années. Il a fallu avoir beaucoup de courage. Elle était malade du cœur et a fait une septicémie. Elle avait 84 ans. Je me demande comment elle a vécu jusque-là. Elle a beaucoup souffert. Il faut être là, aider, participer, voir les souffrances. C’est là que l’on voit ce qu’est la vie. Elle est partie il y a trois ans sereinement. Malgré tout ce qu’elle a vécu, elle avait toute sa tête jusqu’au bout. C’est quelqu’un qui aimait bien manger, rigoler, danser. Une bonne vivante malgré tout. Elle s’est éteinte après dix ans de calvaire.

Ça demandait beaucoup d’énergie. J’allais parfois chez elle la nuit en urgence. Elle aimait bien être chez elle. Heureusement que son mari était avec elle pour l’aider. Je lui tire mon chapeau. J’admire mon beau-père, parce qu’il a fait beaucoup pour elle. Moi, en étant sa belle-fille, j’ai partagé. Mon mari était là évidemment. Elle avait son entourage.

" C’est une déchirure "

Ce qui l’a frappée dans sa vie, c’est la perte de son fils à 27 ans. Il a disparu tragiquement le lendemain de notre mariage. Il s’est suicidé. Il faisait de la chasse, il a retourné l’arme contre lui. Pour mon mari, ça a été un choc. Mariage gâché, on n’a pas eu de retour de noces. On est rentré trois jours après pour l’enterrement. C’est atroce, dévastateur. Le choc pour les parents, pour une femme, pour une mère qui met son enfant au monde. Partir à 27 ans, c’est jeune. C’est une déchirure, c’est une blessure.

En 2017, j’ai perdu une autre personne qui m’était très chère. C’est une série noire. En août 2018, j’ai perdu une tante de 80 ans. Je m’entendais très bien avec elle, c’était ma confidente. Elle a eu une belle vie.

" J’ai beaucoup de chagrin "

Mon époux ne s’est pas remis du décès de ma belle-maman. Bien sûr j’étais là. J’ai perdu mon époux il y a trois mois et demi d’une rupture d’anévrisme. J’ai beaucoup de chagrin. Il avait des céphalées quelques jours auparavant. Je lui avais dit de consulter son médecin parce que ses maux de tête n’étaient pas normaux. Après le décès de ma belle-maman j’avais vu qu’il avait changé. C’est normal, c’était sa mère. J’étais là pour lui avec son fils. J’ai décidé de me mettre à mi-temps pour être avec lui. Il était déjà à la retraite.

J’ai perdu mon mari le 14 novembre. J’étais allée me coucher. Je me suis assoupie et puis vers quatre heures du matin, j’ai vu la lumière. Je suis descendue. Il était tombé. Je l’ai retourné. Il avait une blessure, il était blanc. J’ai crié tellement fort qu’un monsieur est entré chez moi. Il a pris son pouls. J’ai appelé les pompiers. Les pompiers sont arrivés pour faire les gestes d’urgence, en vain. Il est décédé à 6h12 du matin.

 

Être veuve à mon âge, tout est brisé. C’est dur à vivre. Il faut prévenir tout le monde. Il a fallu que je l’explique à mon beau-père. On n’annonce pas ça au téléphone. Il était devenu fragile depuis la perte de son épouse. Il était effondré. Je devais le réconforter. Je me suis dit : ‘Qui est-ce qui va me réconforter moi ?’

Ce qui fait mal, c’est de voir sortir son mari de chez soi. Maintenant c’est le vide. Je lui parle parfois. Je le regarde, je l’admire. C’était lui le pilier de la famille. Mon énergie, je l’ai perdue. J’ai sombré dans la dépression. Je remonte avec la force des choses. Je me dois de reprendre de la hauteur, pour mon fils, pour ma belle-fille, pour mon beau-père, parce que c’est la vie, c’est le destin."