Malgré les ajustements annoncés lundi par Manuel Valls sur le projet de loi El Khomri, la mobilisation continue, avec une nouvelle journée de manifestation prévue jeudi. Selon l'historien et philosophe Marcel Gauchet, invité du Club de la Presse, "ce mouvement porte moins sur le contenu strict de la loi que le statut du travail dans la société et l'image que l'on s'en fait."
"C'est la dignité qui est engagée". "C'est un débat sur les symboles", insiste-t-il. "C'est un changement historique. Ce ne sont pas simplement des mesures pratiques. C'est la dignité qui est engagée". Selon le philosophe à l'origine de l'expression "fracture sociale", "il y a toujours en France un problème de l'autorité dans la société. Vous remarquerez que les revendications des jeunes portent énormément sur le problème du licenciement, comme c'était le cas pour le CPE", remarque-t-il.
"Le dialogue civique n'y est pas". Ces mobilisations seraient ainsi dues à une incompréhension profonde entre les hommes politiques et les Français. "Les gouvernants, quels qu'ils soient, sont complètement aveugles à la signification que prennent les mesures qu'ils avancent, du point de vue de ceux qui vont en faire les frais. Personne ne dit honnêtement ce qui est en jeu", avance Marcel Gauchet. "Le dialogue civique n'y est pas. Fondamentalement, les réformes en France sont portées par des gens qui ont peur de la réaction populaire. Mais moins on en dit, plus la résistance est virulente".