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Mardi, dans "Sans Rendez-Vous" sur Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc nous explique que les préliminaires ne sont pas nécessairement la clef pour susciter un désir sexuel chez son partenaire.

Dans un couple, homme et femme n’ont pas toujours envie de faire l’amour au même moment. Les préliminaires, plus au moins longs, plus au moins coquins, peuvent aider a réveiller l’excitation, mais peuvent aussi y couper court. Jeudi, dans Sans Rendez-Vous sur Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc livre son analyse sur cette question : comment réveiller le désir de l’autre sans le brusquer ?

La question de Raphaël, 45 ans

"Ma femme me fait le reproche de ne pas lui faire suffisamment de préliminaires. Cela dit, lorsque je lui en fais, elle ne semble pas plus motivée. Que faire ?"

La réponse de Catherine Blanc

"Le problème, c’est qu’elle n’est pas en condition pour faire l’amour quand il le souhaiterait. Du coup, elle lui demande des préliminaires pour se mettre en condition. Or, quand il lui en fait, ça ne change pas grand-chose, ce qui pose la question de ce qu’elle souhaiterait, de ce qu’elle entend, elle, par préliminaires et non de ce qu’il entend lui.

Si le préliminaire est une entrée en matière trop directe, la partenaire peut être en difficulté car elle est peut-être encore dans ses préoccupations personnelles, dans les préoccupations du quotidien et donc dans une mise à distance de la sexualité.

De quoi a-t-elle envie ? Peut-être qu’il s’agit, par exemple, d’un cunnilingus, auquel cas que l'homme prenne le temps. Ce n’est pas parce que l’on pose cet acte-là qu’il doit se passer quelque chose dans la seconde. Ça peut prendre quelques minutes, devenir un jeu, voire même être l’acte sexuel en lui-même.

De quelle manière réveiller le désir ?

Si elle est dans la difficulté de rentrer dans un processus de sexualisation de la relation, de se dire qu’elle peut avoir du plaisir et en donner à un autre, c’est d’abord dans un lien rétabli. Dans notre vie de couple, on a beau s’aimer, vivre ensemble, on fait chacun un peu nos missions de son côté. Il faut retrouver des liens qui donnent envie de jouer ensemble, et notamment érotiquement.

Si l'on ne se touche jamais dans la vie, si l’on n’a pas de geste tendre, sans sexualiser ce geste, si quelqu’un qui ne vous touche jamais vous saute soudain dessus, c'est assez agressif, quand bien même cette personne n’est pas agressive. Dès lors, il est difficile de s’ouvrir. Ça passera plutôt par une façon de se toucher, de se regarder, de passer l’un à côté de l’autre, de se faire un clin d’œil. Il faut se dire que l’on est des personnages particuliers l’un pour l’autre puisque l’on partage une intimité corporelle.

Pour quelle raison les hommes sont-ils généralement plus pressés que les femmes ?

C’est souvent celui qui propose la sexualité qui est prêt, dans les starting-blocks, quand l’autre est à tout autre chose. Quand l’homme est prêt a vouloir faire l’amour, il veut faire l’amour le plus vite possible, car il peut craindre de perdre son érection, que le moment ne soit plus opportun. Tout se met en branle en lui, et il veut pouvoir en faire état. Les femmes ne sont pas toujours à ce rendez-vous-là. L’erreur, c’est qu’elles ne manifestent pas toujours ce désir lorsqu'elles l'ont. Si elles disaient : 'J’ai envie', les hommes verraient qu’il n’est pas toujours simple d’avoir une érection dans la seconde."