Manifestants blessés au Flash-Ball : prison avec sursis pour deux policiers en appel

Trois policiers avaient tiré chacun à deux reprises avec leur Flash-Ball, une arme aujourd'hui très critiquée pour son imprécision.
Trois policiers avaient tiré chacun à deux reprises avec leur Flash-Ball, une arme aujourd'hui très critiquée pour son imprécision. © BERTRAND GUAY / AFP
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avec AFP , modifié à
Devenue un symbole des "violences policières", cette affaire remonte au mois de juillet 2009 où des policiers avaient repoussé des manifestants devant un squat à Montreuil.

Deux policiers ont été condamnés jeudi en appel à Paris à des peines de 7 et 18 mois de prison avec sursis pour avoir blessé au Flash-Ball deux manifestants, dont l'un avait perdu un œil en 2009 à Montreuil. Cette affaire, devenue un symbole des "violences policières", remonte au 8 juillet 2009. Les policiers étaient intervenus pour repousser des manifestants rassemblés devant un squat à Montreuil, en Seine-Saint-Denis.

Trois policiers avaient tiré chacun à deux reprises avec leur Flash-Ball, une arme aujourd'hui très critiquée pour son imprécision. Six blessés avaient été recensés, dont l'un, Joachim Gatti, avait été éborgné. Mais la cour d'appel a estimé que toutes les blessures ne pouvaient être imputées avec certitude à un tir de Flash-Ball et que certains tirs ne pouvaient être imputés aux policiers. Elle a donc relaxé les policiers pour quatre des six manifestants blessés.

La peine du policier qui avait tiré a été alourdie. Le policier reconnu coupable du tir ayant touché Joachim Gatti a en revanche vu sa peine alourdie: il a été condamné à 18 mois de prison avec sursis et 24 mois d'interdiction de port d'arme. En première instance, en décembre 2016 à Bobigny, il avait été condamné à 15 mois de sursis et 18 mois d'interdiction de port d'arme. Le deuxième policier a été condamné à 7 mois avec sursis et 12 mois d'interdiction de port d'arme pour avoir blessé un autre manifestant. Le troisième fonctionnaire a été relaxé.

Une hiérarchie défaillante. La cour a reconnu aux policiers comme circonstance atténuante la défaillance de la hiérarchie et son "absence d'instruction claire et précise" ce soir-là. Elle a aussi pointé la "responsabilité plus générale de les doter d'une telle arme, caractérisée par un manque de précision majeure". "Les policiers ont le temps pour eux", a réagi à l'issue de l'audience le Collectif du 8 juillet, constitué pour soutenir les victimes, en regrettant le fait que les fonctionnaires multiplient les recours. Ils ont aussi regretté que la cour se soit basée sur une expertise ancienne pour statuer sur certaines blessures. Depuis les faits, "il y a eu plein de blessés et les expertises ont progressé", ont-ils dit.

Les policiers n'ont pas souhaité réagir. L'association Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (Acat) recense un décès et 43 blessés à la suite de l'utilisation du Flash-Ball ou du LBD 40, les deux lanceurs de balle de défense dont sont dotés les policiers.