Malgré une nouvelle hausse des agressions, les maires «résistent»

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avec AFP , modifié à
Selon une enquête Cevipof publiée dimanche par "Le Monde", les agressions à l'encontre des maires devraient encore progresser de 15% en 2023, même s'ils "résistent" aux crises. Au total, 69% des maires interrogés déclarent avoir déjà été victimes d'incivilités, 39% avoir subi injures et insultes et 27% avoir été attaqués sur les réseaux sociaux.

Pompiers des crises sanitaire et énergétique, les maires ont servi d'exutoire à la violence libérée lors des émeutes et les agressions à leur encontre devraient encore progresser de 15% en 2023, même s'ils "résistent" aux crises, selon une enquête Cevipof publiée dimanche par Le Monde.

Avec près de 8.000 répondants, la 5e enquête du Cevipof réalisée pour l'Association des maires de France (AMF) à deux jours de son congrès a obtenu un taux de réponse "exceptionnellement élevé", commente son auteur, le politologue Martial Foucault. Signe selon lui que les élus avaient "des messages à faire passer", cinq mois après la spectaculaire attaque à la voiture-bélier du domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne).

Après une hausse de 32% des agressions en 2022, soit 2.265 plaintes et signalements, le ministère de l'Intérieur table sur une nouvelle hausse de 15% en 2023. Au total, 69% des maires interrogés par le Cevipof déclarent avoir déjà été victimes d'incivilités (+16 points par rapport à 2020), 39% avoir subi injures et insultes (+10 points) et 27% avoir été attaqués sur les réseaux sociaux (+7 points), les violences physiques restant rares. 

Hausse des démissions

Autre enseignement, le rythme des démissions de maires a augmenté de 30% par rapport au mandat précédent, avec plus de 1.300 comptabilisées depuis 2020, chiffre révélateur d'une "fatigue républicaine". Parmi les facteurs d'explication, Martial Foucault fait état d'un "sentiment d'impuissance" des maires, confrontés à la réalité de plus en plus complexe et chronophage de leur mission.

Les maires invoquent aussi la "trop forte exigence des citoyens" et les difficultés à concilier exercice du mandat et vie personnelle ou professionnelle. L'insuffisance des indemnités n'arrive qu'en 7e position. Interrogés sur ce qu'il faudrait changer, 50% suggèrent pourtant de revoir à la hausse leurs émoluments, à la charge de l'État. "S'ils ne s'engagent pas pour gagner de l'argent, ils ne sont pas prêts à en perdre non plus", note l'auteur.

Les maires demandent aussi l'augmentation du crédit d'heures accordées par leur entreprise pour exercer leur mandat et l'instauration d'un nombre minimum obligatoire d'absences financées par l'entreprise. Âgés en moyenne de 60 ans, 8 maires sur 10 sont des hommes et 40% sont retraités. Ils consacrent en moyenne 32 heures par semaine à leur mandat et perçoivent un niveau moyen de rémunération comparable au Smic horaire (10,85 euros brut) dans les plus petites communes, le double pour les plus de 50.000 habitants.

Avec près d'un million de candidats aux municipales, l'engagement local n'est "pas encore menacé" et "les maires résistent à l'accumulation de crises", conclut l'auteur, même s'il y a besoin selon lui de "réviser les conditions d'exercice".