KENZO TRIBOUILLARD / AFP 1:35
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Virginie Salmen, édité par Romain David
Alors que le ministre de l'Éducation rappelle dans un courrier adressé aux personnels que des outils sont à leurs dispositions pour lutter contre l'antisémitisme, certains enseignants luttent déjà au quotidien contre les clichés.

Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Éducation, a envoyé une lettre à tous les personnels ces derniers jours pour leur rappeler qu'à l'école, chaque fait de racisme et d’antisémitisme devait être signalé. Il y rappelle les dispositifs à leur disposition : une plateforme pour faire remonter tout acte antisémite ou raciste, avec, théoriquement, une réponse dans les 24 heures, mais également des livrets sur l'antisémitisme disponibles, avec des cas concrets pour aider les professeurs. Mais ils sont quelques-uns à utiliser leurs propres méthodes.

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Nombreux préjugés. Ainsi Karima, professeur d'histoire en banlieue lyonnaise, refuse de laisser s'installer des idées antisémites dans sa classe. D'autant qu'elle sait que ses élèves, des collégiens, peuvent facilement véhiculer des préjugés : "Ils vont dire, par exemple, que les juifs sont riches, radins, gouvernent, ont les meilleurs postes… C'est ce qu'ils mettent derrière le mot 'juif' alors qu'ils n'en connaissent pas", déplore-t-elle. "Les jeunes véhiculent des préjugés parce qu'ils sont ignorants, ils ne savent pas."

Confronter les jeunes au terrain. Sa méthode, qui a fait ses preuves, est de leur dire qui sont les juifs en les confrontant au terrain. Elle organise des voyages scolaires à Auschwitz, des sorties avec des élèves d'une école privée juive, et leur montre, à tous, leurs points communs : "Je leur fait comprendre que c'est aussi leur histoire", explique Karima. "Leurs grand-mère, par exemple, à une certaine époque, réchauffait les plats de leurs voisines juives pendant Shabbat, elle préparait les fêtes ensemble, chez l'une et chez l'autre, elles allaient au hammam ensemble, avec les mêmes rituels."

Générations d'élèves transformés. À la fin de l'année, ils sont moins ignorants, grâce à ce cocktail de connaissances et de pratique. Surtout ils ont acquis un vrai esprit critique. Après quinze ans d'enseignement, Karima assure voir des générations d'élèves transformés.