femme d'affaires 1:31
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lise Denjean et Virginie Riva, édité par Manon Fossat
Le Sénat à majorité de droite se saisit ce mercredi, après l'Assemblée nationale, d'une proposition de loi LREM pour "accélérer l'égalité économique et professionnelle", qui prévoit notamment des quotas pour davantage de femmes aux postes de direction des grandes entreprises. Le texte avait été adopté à l'unanimité des votes exprimés en mai dernier par les députés.

Le Sénat à majorité de droite se saisit ce mercredi d'une proposition de loi LREM pour "accélérer l'égalité économique et professionnelle", qui prévoit notamment des quotas pour davantage de femmes aux postes de direction des grandes entreprises. Le texte avait été adopté à l'unanimité des votes exprimés en mai dernier par les députés. Les sénateurs ont adopté en commission la proposition d'instaurer un quota de représentation de chaque sexe parmi les cadres dirigeants et les membres des instances dirigeantes d'au moins 1.000 salariés. Elle prévoit une proportion d'au moins 30% de femmes en 2027, et de 40% en 2030.

27% de femmes décisionnaires

Avec désormais 45% de femmes dans les conseils d'administration, la France fait partie des premiers pays dans le monde à avoir féminisé ses grandes entreprises cotées, grâce notamment à la loi parité votée il y a dix ans. Seulement cette loi ne fixait aucun quota pour les comités de direction ou les comités exécutifs, vraie instance décisionnaire des entreprises. Elles ne sont donc que 27% à y être représentées. La loi "Rixain-Castaner" propose comme objectif 30% d'ici 2027 et 40% d'ici 2030 pour toutes les entreprises de plus de 1.000 salariés, sous peine de sanctions financières.

"Je n'ai pas peur de dire que cette loi va être historique. Nous espérons que ça permettra d'arriver au niveau des comités de direction et des Comex, parce que c'est là que les décisions se prennent. Et ces décisions concernent à la fois les femmes et les hommes de notre pays donc il est normal qu'elles aient la possibilité d'apporter leur voix", estime Élisabeth Moreno, ministre en charge de l'égalité hommes-femmes.

"Aussi révoltant que nécessaire"

Un texte qui fait plutôt l'unanimité chez les pionnières, "aussi révoltant que nécessaire", confiait l'une d'elles. Il faut dire qu'elles ont vu de l'intérieur la lenteur avec laquelle les choses ont bougé pour les femmes dans les hautes sphères économiques. Ce qui a d'ailleurs fait changer d'avis Sandrine Conseiller, directrice générale de la marque de vêtements Aigle. "J'ai été toute ma carrière contre les quotas, en pensant que ma seule compétence devait me permettre d'arriver à plus de responsabilités", a-t-elle reconnu.

"Aujourd'hui je suis directrice générale et je suis pour les quotas. Parce que l'on a essayé sans et ça ne marche pas. Ce n'est pas à vitesse aigle, c'est à vitesse escargot. Donc si on veut aller vite ou même juste à vitesse normale, il faut des quotas", a poursuivi Sandrine Conseiller.

Une loi pour toutes les femmes

Il en faut aussi dans l'enseignement supérieur, selon Marie-Sophie Pawlak, présidente fondatrice de l'association "Elles bougent", qui promeut la place des femmes dans l'industrie. "Cette mesure ne peut pas se faire s'il n'y a pas davantage de femmes dans l'entreprise. Et pour qu'il y ait davantage de femmes dans l'entreprise, il faut qu'il y ait davantage de femmes qui suivent les bonnes formations, qui permettent ensuite d'accéder à ces postes à responsabilité."

Plus généralement, cette loi s'adresse à toutes les femmes. Elle propose notamment que la banque publique Bpifrance investisse davantage dans les projets de femmes entrepreneures ou garantisse des places réservées en crèche pour les familles monoparentales. Le gouvernement se veut confiant sur ses chances d'être adoptée rapidement.