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Maximilien Carlier avec AFP / Crédit photo : Jc Milhet / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Ce dimanche, de nombreuses manifestations pour s'opposer à la loi immigration sont organisées partout en France, à quatre jours d'une décision très attendue du Conseil constitutionnel. Les opposants espèrent ainsi faire pression sur l'exécutif.

Dernier coup de pression sur l'exécutif : quatre jours avant une décision très attendue du Conseil constitutionnel, une large coalition d'opposants à la loi sur l'immigration a appelé à manifester dimanche contre la promulgation d'un texte qui consacre, selon eux, la victoire idéologique "de l'extrême droite". En se ralliant à l'appel lancé initialement par 201 personnalités, les opposants ont voulu rassembler au-delà de la sphère militante traditionnelle pour faire pression sur l'exécutif, qui pourrait promulguer rapidement le texte voté mi-décembre, notamment avec les voix du Rassemblement national, sauf censure complète et surprise par les Sages le 25 janvier. Au total, 75.000 personnes ont défilé dans toute la France, selon le ministère de l'Intérieur. Un chiffre évalué à 150.000 par la CGT. 

Après la manifestation du 14 janvier, lors de laquelle des milliers de personnes avaient défilé à l'appel d'associations de défense des immigrés, plus de 160 marches étaient prévues dimanche, dont celle de Paris qui s'est élancé à 14h de la place du Trocadéro. "Soucieux de rassemblement et de solidarité plutôt que de division sans fin de notre société, nous demandons au président de la République (Emmanuel Macron) de ne pas promulguer cette loi", ont écrit les auteurs de l'appel, dont de nombreuses personnalités du monde de la culture comme les comédiennes Josiane Balasko et l'écrivaine Alice Zeniter.

Pour les signataires de tous horizons, dont les secrétaires générales de la CFDT et de la CGT Marylise Léon et Sophie Binet, l'urgentiste Patrick Pelloux ou encore le cofondateur de Mediapart Edwy Plenel, la loi "a été rédigée sous la dictée des marchands de haine qui rêvent d'imposer à la France leur projet de préférence nationale".

"Cette loi est inhumaine"

En cause, les nombreux ajouts du Parlement au texte initial du gouvernement, donnant une coloration très droitière à une loi qui devait initialement reposer sur deux volets, l'un répressif pour les étrangers "délinquants", l'autre favorisant l'intégration. Désormais, le texte comprend de nombreuses mesures controversées, comme le durcissement de l'accès aux prestations sociales, l'instauration de quotas migratoires, ou le rétablissement du "délit de séjour irrégulier". "Les manifestations du 21 (janvier) doivent démontrer que l'opinion n'est pas avec les racistes et les fascistes", a exhorté vendredi le collectif militant "Marche des solidarités", en première ligne dans la rue depuis plusieurs semaines.

Dimanche matin, plusieurs centaines de personnes se sont réunies à Metz, selon une journaliste de l'AFP. Samedi, plusieurs centaines de manifestants, entre 3.000 et 4.000 selon les organisateurs, avaient défilé dans les rues de Toulouse. "Cette loi est inhumaine (...) La société cherche toujours des boucs émissaires à ses problèmes et moi qui ai été accueilli par la France, je viens de Madagascar, je souhaite que ça continue", a déclaré Mohamed Soidriddine, 64 ans, retraité de la fonction publique, lors de la manifestation de Caen qui a réuni dimanche environ 800 personnes.

Plus de 300 élus de gauche et écologistes ont aussi appelé, dans le quotidien Libération, à manifester contre un texte consacrant la "victoire culturelle de l'extrême droite sous les dehors aimables du 'en même temps'". "Cette loi bafoue des principes issus de la Révolution française", ont fustigé les maires, dont l'édile PS de Lille, Martine Aubry.