Limitation à 80 km/h : des milliers de motards contre la "sécurité rentière"

© AFP
  • Copié
avec AFP
Des milliers de motards se sont rassemblés samedi dans plusieurs villes de France pour s'opposer à l'abaissement à 80 km/h de la vitesse sur les routes secondaires.

Des milliers de motards, ainsi que des automobilistes, se sont rassemblés samedi dans plusieurs villes de France pour s'opposer à l'abaissement à 80 km/h de la vitesse sur les routes secondaires. En Dordogne, d'où est parti ce mouvement de grogne générale, une manifestation à l'appel du collectif "Colère 24 !" lancé sur Facebook par un maçon de 32 ans Leandro Antonio qui se veut apolitique, a rassemblé en fin de matinée près d'un millier de personnes à Périgueux. Outre la limitation à 80 km/h, les manifestants protestaient également contre la vie chère et l'augmentation de la CSG, en entonnant La Marseillaise.

À Mâcon, en Saône-et-Loire, où quelque 2.000 motards étaient réunis, des incidents ont éclaté après qu'une délégation eut été reçue à la préfecture. Un feu a été allumé devant le bâtiment public et un policier a été blessé aux côtes après avoir reçu un coup de pied dans le ventre. Marlène Germain, directrice de cabinet du préfet de Saône-et-Loire a dit "condamner cet acte de violence". À Bordeaux, un cortège d'environ 2.000 motards et automobilistes a fait route vers la préfecture de région avec la ferme intention d'en décorer la façade de guirlandes de papier hygiénique. Leur mot d'ordre: "Ras le casque!". 

"Ça ne sauvera aucune vie". "Sécurité rentière, toujours en marche", pouvait-on lire à Lille sur des écriteaux satiriques, accrochés à l'arrière de la quarantaine de cylindrées. Passer à 80 km/h, "ça crée de la frustration", explique Bruno Leman, qui roule pour le loisir depuis 30 ans. "Je pense que le but c'est plutôt de générer des PV et de faire de l'argent", estime celui qui dit ne pas être "un fou de vitesse". Dans les Ardennes, un cortège d'environ 200 motards et automobilistes a fait un circuit d'une soixantaine de kilomètres autour de Charleville-Mézières, en roulant à 80 km/h. "On va montrer ce que représente la vitesse de 80 km/h. Ça ne sauvera aucune vie. En Allemagne, on roule à 100 km/h sur les routes, en Grande-Bretagne à 97 km/h et au Danemark, ils sont passés à 90 km/h, preuve que ce n'est pas la vitesse qui change quelque chose", a fustigé le secrétaire de la Fédération française des motards en colère des Ardennes Éric Gilles.

Un abaissement de la vitesse à partir du 1er juillet. À Toulon, dans le Var, des motards des Bouches-du-Rhône et du Var ont effectué des rondes autour de la préfecture. Ils étaient aussi un millier de personnes à Bourg-en-Bresse, 500 à Dijon, 300 à Chaumont, une centaine de voitures et autant de motos à Châteauroux, 300 à Blois, 300 à Cherbourg, 200 à participer à une opération escargot à Chartres, environ 140 motos et 60 voitures à Albi et autant à Castres, dans le Tarn, une cinquantaine à Toulouse et 160 à Lyon. La circulation sur l'A20 à hauteur de Limoges a aussi été perturbée par une opération escargot. Le gouvernement a annoncé l'abaissement à partir du 1er juillet à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée sur les routes à double sens sans séparateur central, espérant sauver "entre 350 et 400" vies chaque année.