Flavien Moreau est le premier djihadiste revenant de Syrie à sortir de prison en France 2:23
  • Copié
Lucie de Perthuis , modifié à
Jean-Charles Brisard, président du centre d'analyse du terrorisme, était l'invité de la matinale de Mathieu Belliard lundi. A la veille de la libération de Flavien Moreau, le premier djihadiste français jugé à son retour de Syrie, il détaille les mesures administratives et judiciaires prévues dans cette situation inédite.
INTERVIEW

Flavien Moreau est le premier revenant de Daech jugé en France à sortir de prison. Il a été libéré dimanche de la prison de Condé-sur-Sarthe, dans l'Orne, où il était incarcéré depuis sept ans. Une libération qui inquiète dans un pays encore meurtri par les attentats terroristes des dernières années. Une quarantaine d'autres revenants condamnés à des faits liés au terrorisme islamiste vont également sortir des prisons françaises en 2020. Jean-Charles Brisard, président du centre d'analyse du terrorisme, explique à quelles mesures judiciaires et administratives ces revenants de Daech ayant purgé leurs peines en France seront soumis. 

Flavien Moreau, un Nantais âgé de 33 ans, a, au cours de sa détention, été impliqué dans de nombreux incidents, rappelle Jean-Charles Brisard. "Il y a eu des agressions, des outrages, des dégradations, et des armes artisanales ont même été retrouvées dans sa cellule", explique le président du centre d'analyse terroriste. "Il avait déjà un casier judiciaire extrêmement volumineux avant sa condamnation. Une quinzaine de condamnations pour vol et port d'arme", poursuit-il. Alors quelle mesures de surveillance appliquer à cet individu qui a purgé sa peine en France ? 

Un dispositif de surveillance post-carcéral

Jean-Charles Brisard explique qu'une évaluation de sa dangerosité a été effectuée en prison. Ainsi, des mesures de surveillance judiciaire adaptées ont été mises en place dès sa sortie de prison. "Il va devoir pointer régulièrement auprès du juge d'application des peines, pendant quasiment un an", affirme le spécialiste. "En plus de ces mesures judiciaires, il y aura des mesures de surveillance administrative", informe Jean-Charles Brisard. "Depuis deux ans, les pouvoirs publics ont mis en place un dispositif de surveillance post-carcéral, géré par les servies de renseignement, qui vont devoir suivre cet individu. C'est là l'essentiel". 

"On ne peut pas les garder plus longtemps en prison"

"On a préparé ces sorties. Depuis 2018, ce dispositif coordonné par la DGSI est mis en place. Il vise à suivre ces individus en fonction de leur dangerosité", explique Jean-Charles Brisard qui rappelle que ces femmes et ces hommes "ont purgé leur peine, ont été jugés et condamnés. On ne peut pas les garder plus longtemps en prison". 

Pour le président du centre d'analyse terroriste, face à ces libérations qui inquiètent, "tout l'enjeu réside dans notre capacité à suivre ces individus pour s'assurer qu'ils ne replongent pas dans des faits de terrorisme".