L'ex-codétenu d'un détenu "oublié" en prison pendant 40 ans : il "se laisse aller, il n'a plus goût à rien"

Michel Cardon avait été condamné à perpétuité en 1977, pour le meurtre d'un voisin lors d'un cambriolage.
Michel Cardon avait été condamné à perpétuité en 1977, pour le meurtre d'un voisin lors d'un cambriolage. © AFP
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Salomé Legrand, édité par A.D
Un ex-codétenu a attiré l'attention sur le cas de Michel Cardon. Condamné à perpétuité, il n'avait reçu aucune visite en 40 ans. Sa situation a ému un avocat qui a demandé une grâce présidentielle.
TÉMOIGNAGE

C'est l'incroyable histoire d'un prisonnier sous les verrous depuis plus de 40 ans. Michel Cardon, 67 ans, a été condamné à la perpétuité pour un meurtre commis en 1977 et emprisonné à Bapaume dans le Pas-de-Calais. Des experts qui l'ont examiné en janvier ont eu l'impression d'être en face d'un détenu "oublié" en prison. Un avocat vient de demander à Emmanuel Macron de lui accorder grâce.

"Si on le laisse comme ça, il va mourir là-bas". Quand Michel Cardon a été condamné, Valéry Giscard d’Estaing était à l'Elysée. Derrière les barreaux depuis exactement 40 ans, 3 mois et 28 jours, le prisonnier a été oublié de ses rares proches et de l'administration pénitentiaire, ce qu'elle a reconnu dans un rapport récent. C'est son ancien codétenu qui a attiré l'attention sur la situation du condamné. Quand ce voisin de cellule est sorti, il a rendu visite à Michel Cardon, lui offrant alors son tout premier parloir depuis son incarcération. Cet homme témoigne : "Ça me fait de la peine. C'est une personne qui se laisse aller. Il n'a plus goût à rien. Ça n'a plus de sens au bout de quarante ans. Si on le laisse comme ça, il va mourir là-bas."

Il avait échappé à la peine de mort. Condamné pour le meurtre d'un voisin au cours d'un cambriolage, Michel Cardon avait échappé à la peine de mort qui avait été requise à son procès. Légalement, il aurait pu demander sa libération depuis vingt ans. L'avocat parisien Eric Morain s'est ému de sa situation après avoir lu son histoire dans le quotidien La Voix du Nord il y a un an et demi. Il vient de demander une grâce présidentielle auprès d'Emmanuel Macron, une demande qui sera étudiée à la mi-mars. Elle pourrait éviter au condamné de passer par la case bracelet électronique dans l’hypothèse où il serait libéré.