Les enseignants français moins bien payés que leurs pairs européens : "Pas de grève dans l'immédiat mais..."

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Maxime Dewilder, avec AFP , modifié à
Une enquête de l'OCDE dévoile que les enseignants français sont moins bien payés que la moyenne des pays membres de l'OCDE. 28.000 euros bruts par an contre 29.900 en moyenne. La secrétaire général du Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et PEGC, commente sur Europe 1 ce rapport.

Les salaires des enseignants français étaient en-deçà de la moyenne des pays de l'OCDE en 2018, souligne mardi le rapport annuel "Regards sur l'éducation" publié par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). 

"Cela amène de l’eau à notre moulin car vous le savez, nous avons un bras de fer sur cette question salariale, qui est une question qui permet de rendre ce métier attractif", commente sur Europe 1 Francette Popineau, secrétaire général du Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et PEGC (SNUIpp-FSU). Avant de poursuivre : "Des étudiants qui ont cinq ans d’études après le bac ont besoin de commencer le métier avec un salaire qui peut être attrayant. Aujourd’hui, ils commencent avec 1.600 euros, c’est très en-deçà. Et puis on observe aussi, on l’a déjà dit, qu’après 15 ans de carrière, on a un déclassement salarial de la France par rapport aux autres pays. Par exemple, il y a 2.000 euros d’écart avec nos collègues allemands".

En milieu de carrière, l'écart se creuse encore

Selon ce rapport, le salaire des professeurs est de 7% inférieur à la moyenne des pays de l'OCDE en début de carrière. Les enseignants français gagnent près de 28.000 euros bruts par an dans le primaire, contre 29.900 pour la moyenne des pays de l'OCDE. Et ce n'est pas les 300 euros promis par Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education, qui apaise la syndicaliste.

"Les 300 euros ne seront ni mensuels ni nets et sont attribués pour certains seulement. Les débutants n’en verront pas la couleur par exemple. Au mieux le collègue au 8ème échelon percevra 30 euros, ce qui n’est pas négligeable mais on est loin d’une augmentation salariale qui rattraperait le salaire attendu", explique-t-elle encore.

Les profs de lycée français en début de carrière gagnent, eux, 29.400 euros, contre 32.423 euros pour la moyenne des pays de l'OCDE. L'écart se creuse ensuite, en milieu de carrière : par exemple, après 15 ans d'ancienneté, un prof de collège gagne en France 35.550 euros, contre 43.107 euros pour la moyenne de l'OCDE.

"Pas de grève dans l'immédiat"

Alors, que faire ? Francette Popineau détaille : "Jean-Michel Blanquer ne peut pas augmenter tout le monde d’un coup mais il peut commencer par faire un plan pluriannuel d’augmentations. On ne demande pas forcément que les choses se fassent en une seule fois mais il faut effectivement le prévoir. Dans ce rapport, il est aussi dit que dans les dépenses pour l’enseignement, la part consacrée aux salaires des enseignants est inférieure à celle des autres pays de l’OCDE. Il y a un véritable effort à faire".

D'autant plus qu'entre 2000 et 2018, les enseignants ont subi une perte salariale "lié au gel du point d'indice" continue la secrétaire générale. Toutes les conditions semblent réunies pour qu'un mouvement social se mette en place. Aujourd'hui, il n'est pas encore à l'ordre du jour conclut Francette Popineau : "Ce rapport ne fait qu’apporter des éléments tangibles à ce que nous disons depuis des années. Nous n’allons pas nous mettre en grève dans l’immédiat, nous allons continuer à discuter mais si ça ne débouche sur rien, la mobilisation prendra le relais".

Parmi leurs revendications de rentrée, les syndicats enseignants français ont fait d'une revalorisation salariale une priorité. Le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, a annoncé l'ouverture d'un dialogue sur la question.