Les pires dispositifs anti-SDF "récompensés" par la Fondation Abbé Pierre

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Avec les "Pics d'or", la Fondation Abbé Pierre entendait dénoncer "l'hostilité urbaine à l'égard des personnes sans domicile". © AFP
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Les pires dispositifs anti-SDF ont été ironiquement "récompensés" lundi soir par la Fondation Abbé Pierre, notamment à Paris et à Lyon. Un moyen pour l'organisation de dénoncer "l'hostilité urbaine à l'égard des personnes sans domicile".

Pics, barreaux, grilles, rochers sous les porches et sous les ponts ou encore arrêtés anti-mendicité, les pires dispositifs anti-SDF ont été ironiquement "récompensés" lundi soir par la Fondation Abbé Pierre (FAP), qui a notamment distingué Paris et Lyon. Dans la catégorie "Fallait oser", le "Pic d'or du dispositif le plus décomplexé" a ainsi été remis à un rail de fer installé tout au long d'une bordure d'un jardin à Lyon, pour prévenir l'installation de sans-abri. Des poteaux en métal plantés dans l'entrée d'un immeuble du Xe arrondissement de la capitale pour empêcher les SDF de s'abriter et baptisés "les champignons de Paris" ont, eux, remporté le prix du "dispositif le plus agressif", dans la catégorie "Le clou". 

Ces dispositifs ont été sélectionnés parmi 450 installations signalées sur Twitter sous le hashtag "Soyons humains" lancé par la fondation Abbé Pierre, permettant à chacun de manifester son étonnement ou son indignation en postant des photos de mobilier urbain anti-SDF.

Remis lors d'une cérémonie au Théâtre de l'Atelier à Paris par des personnalités, dont les humoristes Guillaume Meurice et Blanche Gardin, ces prix visent à sensibiliser avec ironie sur "l'hostilité urbaine à l'égard des personnes sans domicile" et rappeler leurs droits, explique la FAP. 

Il faut "apporter une réponse digne aux personnes à la rue"

"Les personnes sans-abri, comme tout être humain, ont des droits fondamentaux, qui ont été rassemblés au sein de la Déclaration des droits des personnes sans-abri", rappelle la fondation. Selon l'organisation, l'État, les collectivités, les entreprises, commerçants ou encore riverains usent de "moyens inhumains" pour empêcher les plus démunis de s'abriter et les "invisibilisent" en les éloignant des centres-villes et, finalement, des regards. 

"Ce n'est pas en recourant à ce type de dispositifs qui ne font que déplacer le problème qu'on le règlera", s'insurge Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre. "Il faut faire plus, tendre la main et apporter une réponse digne aux personnes à la rue", explique-t-il.  L'Insee recensait 150 000 personnes sans-domicile dans sa dernière enquête datant de 2012. Selon les associations, ce chiffre est largement sous-évalué et avoisinerait en réalité les 250.000.