Les dentistes peuvent aussi détecter l'anorexie et la boulimie

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Mélanie Gomez, édité par
L'anorexie et la boulimie laissent des traces sur les dents, rendant ainsi le diagnostic précoce facile pour les dentistes.

Et si le dépistage de la boulimie ou de l'anorexie chez les jeunes pouvait se faire plus facilement grâce aux dentistes ? C'est le message que veut faire passer l'ADF, l'Association dentaire française. Ces troubles peuvent concerner jusqu'à 10% des jeunes et sont parfois difficiles à détecter. Les dentistes veulent alerter sur les conséquences de ces troubles alimentaires sur la santé bucco-dentaire, méconnues mais jouant un rôle essentiel dans le dépistage.

"Les dents d'une personne de 65 ans". Amélie, 27 ans, était adolescente quand son anorexie-boulimie a débuté. Très vite, elle a vu l'état de ses dents se dégrader. "Quand je faisais des crises de boulimie, je pouvais avaler jusqu'à 7-8 litres de soda. Et ça pouvait m'arriver plusieurs fois par jour", se rappelle-t-elle. "Ça m'a détruit les dents. Même si je suis guérie aujourd'hui, j'ai les dents d'une personne de 65 ans."

Le message des dentistes est clair : ils sont capables de détecter l'anorexie et la boulimie car les lésions dentaires que ces troubles provoquent sont très spécifiques. Par exemple, les gencives peuvent se rétracter car certains patients peuvent se brosser les dents dix à quinze fois par jour. Ces maladies provoquent également des traces d'usure particulières. "Chez un jeune qui se fait vomir, on observe de grosses pertes d'émail sur la face interne des incisives et les dernières molaires du bas", décrit Pierre Colon, professeur à l'hôpital Rotschild à Paris.

Suivi buco-dentaire. Les dentistes sont donc en mesure de poser un diagnostic précoce et d'orienter vers un spécialiste des troubles alimentaires. Mais leur rôle ne s'arrête pas là, et ils sont en mesure de suivre un patient pendant plusieurs années. Dans les cas les plus sévères, deux ans de soins dentaires peuvent être nécessaires.