Dans une note rendue publique ce mercredi, l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales constate que 3.411 sapeurs-pompiers ont déclaré avoir été victimes d'une agression en intervention au cours de l'année 2018. Ce chiffre est en hausse de 21% par rapport à 2017, ou 2.813 déclarations avaient été comptabilisées.
2018 constitue un nouveau record depuis 10 ans. Comme le souligne l'observatoire, la hausse est constante et exponentielle depuis 2008, où 899 soldats du feu avaient déclaré une agression. C'est désormais 7 pompiers qui sont agressés pour 10.000 interventions. Cette progression peut trouver son explication dans plusieurs phénomènes selon l'ONRDP. "L'augmentation du nombre de déclarations d'agressions peut être due à une augmentation des actes de violence, à une meilleure remontée des informations, à un abaissement du seuil d'acceptabilité des violences ou à une sensibilisation des autorités hiérarchiques sur la nécessité de mieux déclarer les faits."
Seuls deux tiers des pompiers agressés en 2018 ont porté plainte
Lors du 126e congrès des sapeurs-pompiers en septembre, le ministre de l'Intérieur s'était engagé à "tout faire" pour la sécurité des agents et avait lancé l'expérimentation de "caméras-piétons". Reprenant en partie ces annonces, mercredi 11 novembre, un rapport du Sénat, porté par les sénateurs Catherine Troendlé (LR), Loïc Hervé (UDI) et Patrick Kanner (PS) préconisait des solutions au gouvernement pour enrayer ces violences. Parmi elles, la protection des pompiers volontaires, qui constitue la majorité du contingent de pompiers français, et la saisie systématique de la justice.
Selon l'ONDRP, plus de la moitié des pompiers qui ont été agressés en 2018 étaient des professionnels (55% du total) alors qu'ils représentent 17% des effectifs. Par ailleurs seuls 2.241 des 3411 pompiers agressés ont porté plainte en 2018, ce qui représente deux tiers d'entre eux.
En Île-de-France, où les pompiers sont des militaires, la hausse a été de 48%, c'est aussi la région où le nombre d'arrêts de travail après agression est le plus élevé, avec 521 jours sur 1.424 jours d'arrêts de travail donnés au total. C'est en Nouvelle-Aquitaine que le taux d'agression pour 10.000 interventions est le plus élevé (16), suivi par Bourgogne-Franche-Comté (9). La région Pays-de-la-Loire se caractérise par une forte augmentation entre 2017 et 2018 (+146%).
Dégradation matérielle
Côté matériel, 450 véhicules de pompiers ont été endommagés en 2018, selon les données de l'ONDRP. L'ensemble des services départementaux y compris les sapeurs de pompiers de Paris et leurs homologues de Marseille ont déposé 399 plaintes pour dégradations de biens en 2018, contre 326 en 2017, soit une hausse de 22%.