Le téléphone laissé à la porte du collège ? Une «expérimentation» à partir de la prochaine rentrée

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Quelque 43 % des élèves français ont eux "déclaré se sentir nerveux ou anxieux lorsque leur téléphone n'était pas à proximité". © Maeva Destombes / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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avec AFP / Crédit photo : Maeva Destombes / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
À partir de la prochaine année scolaire, la ministre de l'Education nationale Nicole Belloubet souhaite "expérimenter" l'obligation pour les collégiens de déposer leur téléphone portable à l'entrée de l'établissement. Pour cela, elle envisage l'installation de casiers dédiés.

La ministre de l'Education nationale Nicole Belloubet souhaite "expérimenter" à partir de la prochaine année scolaire l'obligation pour les collégiens de déposer leur téléphone portable à l'entrée de l'établissement, possiblement dans des casiers dédiés. "J'ai eu l'occasion de dire à plusieurs reprises que (...) je souhaitais vraiment que nos élèves arrivent dans le collège sans le téléphone portable, parce qu'on sait les effets néfastes que cela peut produire", notamment en termes de harcèlement, a-t-elle déclaré jeudi sur Franceinfo.

"Préparer nos élèves au monde de demain"

Elle envisage l'installation de casiers dédiés : "C'est ce que j'imagine, je voudrais qu'on l'expérimente dès l'année prochaine", a-t-elle dit. La France interdit déjà dans sa loi l'utilisation des smartphones dans l'enceinte des écoles et collèges, mais il appartient aujourd'hui aux établissements de définir les modalités pratiques du respect de cette loi. Nicole Belloubet estime par ailleurs qu'il faut mieux "réfléchir" à l'utilisation des outils numériques en classe, notamment les tablettes et ordinateurs parfois mis à disposition des élèves.

"On a besoin d'un numérique pédagogique accompagné (...) Je ne vais pas ici dire 'arrêtons tout, repartons en arrière', mais il faut réfléchir. On ne peut pas balancer du numérique sans savoir quelles utilisations, quels usages pédagogiques on va lier à cela", a déclaré la ministre. "L'un des objectifs de l'école (est) de préparer nos élèves au monde de demain et donc il faut leur donner la connaissance de l'intelligence artificielle, du numérique, mais accompagnée par le professeur", a-t-elle insisté.

"Opportunités éducatives" et "risques"

Le Premier ministre Gabriel Attal avait invité la semaine dernière l'Education nationale à "balayer devant sa porte" sur l'utilisation des écrans, après la remise d'un rapport par des experts sur la relation entre les jeunes et les écrans. Ces experts, missionnés par l'Elysée, déconseillent notamment l'équipement individuel en élémentaire et appellent à un encadrement des outils à vocation pédagogique. Des "préconisations en cours d'instruction", selon le ministère de l'Education.

Dans un rapport basé sur les résultats 2022 de l'enquête PISA (qui a évalué les compétences de jeunes de 15 ans en mathématiques, lecture et sciences dans 81 systèmes éducatifs) et des questionnaires adressés aux jeunes, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a rappelé cette semaine les "opportunités éducatives" de l'environnement numérique mais aussi ses "risques".

"Des résultats bien plus faibles"

58% des élèves français déclarent ainsi avoir été distraits "pendant au moins quelques cours de mathématiques" par leurs écrans et 53% par l'appareil d'un autre jeune, contre respectivement 65% et 59% dans l'OCDE. Cette distraction "semble" avoir "un lien tangible" avec l'apprentissage, juge l'OCDE : les élèves distraits obtiennent "des résultats bien plus faibles". Quelque 43 % des élèves français ont eux "déclaré se sentir nerveux ou anxieux lorsque leur téléphone n'était pas à proximité".

Ce rapport ne tranche pas la question du bannissement des appareils des établissements scolaires mais observe qu'une "interdiction pure et simple des smartphones (...) est une mesure qui a des effets visibles" dans les pays où elle existe, même si cela dépend "dans une large mesure de la rigueur avec laquelle l'interdiction est appliquée".