Ces tuyaux servent à pomper l'eau de la Seine. 1:46
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Louise Sallé , modifié à
La Seine rafraîchit bureaux, hôtels et musées, au sein d’un réseau d’eau glacée qui circule sous les pieds des Parisiens. Ces canalisations, de près de 80 kilomètres de long, doivent tripler d’ici 2042. Des bâtiments sanitaires publics seront raccordés à ce système de refroidissement deux fois moins énergivore qu’une climatisation individuelle.

Sous la ville de Paris, la Seine rafraîchit des canalisations d’eau froide qui parcourent des bureaux, des hôtels et des musées. Actuellement, le Louvre, l’Assemblée Nationale et les Halles bénéficient de cette climatisation collective. La taille de cet immense réseau de froid, co-géré par Engie et la RATP, doit tripler d’ici 2042 pour s’étendre, dès l’année prochaine, à de nombreux bâtiments publics. Une solution ingénieuse et peu coûteuse face aux canicules, ainsi qu’une alternative écologique à la climatisation individuelle

La Seine est refroidie jusqu’à 4 degrés pour rafraîchir les canalisations du réseau

À l’entrée du pont des Invalides, sous les pieds des touristes, impossible de savoir qu’une centrale de froid se cache. Il s’agit de la centrale Canada, l’une des dix qui composent le réseau de froid parisien. On y entre par une porte qui donne sur les berges de la Seine, ou bien par une trappe, sur le trottoir, qui s’ouvre sur un escalier en colimaçon enterré.

À l’intérieur, c’est un peu comme Beaubourg : de gros tuyaux verts, bleus et noirs sont entrelacés et descendent jusqu’à 30 mètres de profondeur. Ils servent à pomper l’eau de la Seine, dont la température descend jusqu'à 4 degrés dans de gros frigos qui fonctionnent à l’énergie renouvelable.

"Là où l’eau du fleuve est froide, c'est là où il va y avoir un échange thermique avec le réseau de distribution", explique Raphaëlle Nayral, secrétaire générale de la société Fraîcheur de Paris co-détenue par Engie et la RATP. "Le réseau de distribution, qui transporte une eau différente de celle de la Seine, va ainsi capter la fraîcheur du fleuve produite au niveau du frigo et repartir vers les abonnés", poursuit-elle. La Seine finit ensuite par retourner d’où elle vient, réchauffée, mais sans dommage sur l’environnement. 

En 2042, la Ville de Paris espère tripler la taille de ce réseau de froid

En tout, 800 abonnées payent environ 135 euros le mètre watt heure de froid. Ce réseau compte actuellement 80 kilomètres de tuyaux, mais ce sera beaucoup plus dans vingt ans, indique l’adjoint à la maire de Paris chargé de l’énergie, Dan Lert. "Nous allons tripler sa taille pour raccorder des crèches, des Ehpads et des bibliothèques", détaille-t-il. "Les solutions autonomes de climatisation sont une aberration environnementale puisqu'on réchauffe l'air extérieur pour refroidir l'intérieur", justifie-t-il. 

En effet, si la quantité de climatiseurs double d’ici 2030, la température de Paris pourrait augmenter de 4 degrés en pleine canicule. Une catastrophe qui serait évitée par le réseau de froid de la ville de Paris, si ce dernier s’étend assez rapidement. Ce système est également deux fois moins consommateur en énergie.