Le procès AZF entre dans sa phase finale avec les réquisitions

Pour la défense, rien ne vient soutenir sans doute possible cette "piste accidentelle"
Pour la défense, rien ne vient soutenir sans doute possible cette "piste accidentelle" © ERIC CABANIS / AFP
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avec AFP
Le premier procès AZF, en 2009, avait débouché sur une relaxe, au bénéfice du doute sur les causes exactes de la catastrophe.

Quinze années d'enquête et quatre mois d'audience : le troisième procès AZF, qui n'a pas apporté de révélation sur la pire catastrophe industrielle récente en France, entre mercredi dans sa dernière ligne droite.

Jugés pour "homicides involontaires". Les réquisitions, qui s'annoncent longues et techniques, à l'image du procès lui-même, commencent mercredi après-midi et se prolongeront jeudi. Elles seront prononcées par deux avocats généraux. Depuis fin janvier, une cour d'appel de Paris spécialisée dans les "accidents collectifs" juge la société exploitante de l'usine, Grande Paroisse, filiale du géant Total, et l'ancien directeur du site, Serge Biechlin, pour "homicides involontaires".

31 personnes mortes. Celui-ci risque jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende, l'entreprise 225.000 euros d'amende. Le 21 septembre 2001 à 10H17, une très violente explosion dans cette usine chimique toulousaine à haut risque entraîne la mort de 31 personnes. La catastrophe a causé une émotion considérable à Toulouse, où les audiences parisiennes ont été retransmises, sans toutefois enlever aux parties civiles - 2.700 au total - le sentiment que le procès leur a été volé.

Quinze ans d'attente. Mais plus que la frustration, c'est surtout une certaine lassitude qui se manifestait avant les réquisitions. "Quinze ans, c'est bien trop long, il faut que ça s'arrête. Parce que ce procès a été épuisant, pénible", dit Pauline Miranda, de l'association des sinistrés du 21-Septembre.

Pas d'évolution. Le premier procès AZF, en 2009, avait débouché sur une relaxe, au bénéfice du doute sur les causes exactes de la catastrophe. Le second, en appel en 2012, avait au contraire condamné Serge Biechlin et Grande Paroisse aux peines maximales - avant que cette décision ne soit annulée par la Cour de cassation. Lors du troisième procès, les lignes n'ont guère bougé.

Deux hypothèses. Les victimes pointent une gestion défaillante du site ayant conduit à la mise en contact accidentelle de produits chimiques incompatibles. Pour la défense, rien ne vient soutenir sans doute possible cette "piste accidentelle". Les avocats des prévenus ont avancé d'autres hypothèses : celle d'un acte terroriste ou d'une explosion due à de très vieux résidus de poudre dans le sol.

La défense plaidera à partir de la semaine prochaine et le procès doit s'achever au plus tard le 24 mai. La décision de la cour d'appel ne sera rendue qu'après plusieurs semaines.