Le parquet fait appel de la dispense de peine de Béatrice Huret

La substitut Camille Gourlin avait affirmé que, dans cette affaire, "on a dépassé ce que la loi tolère en matière de solidarité".
La substitut Camille Gourlin avait affirmé que, dans cette affaire, "on a dépassé ce que la loi tolère en matière de solidarité". © DENIS CHARLET / AFP
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avec AFP , modifié à
Le parquet avait demandé un an de prison avec sursis à l'encontre de cette ex-sympathisante FN qui a dit avoir agi "par amour" pour l'Iranien qu'elle avait aidé.

Le parquet de Boulogne-sur-mer a décidé de faire appel du jugement du tribunal de cette ville, mardi, qui a dispensé de peine Béatrice Huret, jugée pour avoir aidé un migrant iranien à gagner l'Angleterre par bateau, a-t-on appris de sources concordantes.

Elle dit avoir agi "par amour". "J'ai croisé à l'audience la substitut Camille Gourlin", qui avait requis contre Béatrice Huret, "elle m'a confirmé que le parquet ferait appel", a déclaré à l'AFP l'avocate de la prévenue, Me Marie-Hélène Calonne. Le parquet a confirmé dans la foulée cette décision, qui concerne, a-t-il précisé à l'AFP, "les quatre prévenus". Il avait demandé un an de prison avec sursis à l'encontre de cette femme de 44 ans qui a dit avoir agi "par amour" pour l'Iranien qu'elle avait aidé.

"Mise en danger de la vie d'autrui". A l'audience mardi, la substitut Camille Gourlin avait affirmé que, dans cette affaire, "on a dépassé ce que la loi tolère en matière de solidarité". "La solidarité est louable mais pas à n'importe quel prix et dans n'importe quelles conditions", avait-elle ajouté. Le tribunal correctionnel jugeait deux hommes et deux femmes pour "aide à l'entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d'un étranger en France en bande organisée" et "mise en danger de la vie d'autrui". Interrogée sur cet appel, Me Calonne a déclaré à l'AFP qu'elle n'était "pas surprise" de cette initiative. "Cela correspond à la politique générale du parquet et au positionnement général de l'institution" judiciaire, a-t-elle commenté. 

Pas des passeurs. Veuve depuis 2010 d'un mari policier, âgée de 44 ans, Béatrice Huret, ex-sympathisante du FN, avait prêté main forte à l'homme prénommé Mokhtar - dont elle était, disait-elle, tombée amoureuse - pour qu'il embarque, le 11 juin 2016, sur un petit bateau de plaisance. Cet Iranien avait pu ainsi rejoindre la Grande-Bretagne, après avoir été pris en charge par les services de secours britanniques à proximité des côtes anglaises, alors que l'embarcation était en difficulté.

Béatrice Huret et un autre prévenu, Laurent C., également reconnu coupable mais dispensé de peine, avaient fait valoir à l'audience qu'ils n'étaient pas des passeurs et n'avaient retiré aucun profit financier de leur intervention.