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Romain Rouillard
Invitée d'Europe 1 Soir ce mercredi, la journaliste Valérie Benaïm, auteure du livre "Il n'est pas celui que vous croyez" (édition Fayard), décrypte l'attrait de certaines femmes pour les tueurs en série. Selon elle, ces femmes partagent une volonté, chevillée au corps, de prouver qu'il existe une nuance entre l'homme et les crimes qu'il commet.

Qu'est-ce qui pousse une femme à plonger dans les bras d'un meurtrier, dont les cibles privilégiées sont justement des femmes ? C'est la question complexe à laquelle la journaliste Valérie Benaïm a tenté de répondre à travers un ouvrage intitulé Il n'est pas celui que vous croyez, aux éditions Fayard. La chroniqueuse de Touche pas à mon poste, sur C8, était l'invitée d'Europe 1 Soir ce jeudi et a décrypté, au micro d'Hélène Zelany, les raisons qui conduisent certaines femmes à nouer une relation amoureuse avec un criminel. 

Faut-il y voir une fascination pour le mal ? Pas uniquement, selon Valérie Benaïm. "Il y a, dans tout ce qui va constituer les couches de l'attrait, une composante qui sera celle de se frotter au mal, de danser au bord du précipice, du frisson. Mais je ne crois pas que ce soit la composante la plus évidente". Pour la journaliste et animatrice de télévision, tout repose essentiellement sur "le désir féminin". "Ce désir est traversé par plein de choses, mais il est tellement puissant, en tout cas celui-ci, que les femmes imaginent que leur désir est sublimateur". 

Un désir capable de "transformer le plomb en or" 

Pour Valérie Benaïm, ce désir est ainsi capable de "transformer le plomb en or, de transformer le mauvais garçon en homme quasiment idéal. Un désir tellement puissant qu'il va tout balayer sur son passage". Des femmes qui partagent une volonté, chevillée au corps, de prouver que l'homme en question n'est pas le monstre qui révulse tout le monde et qu'il existe une nuance entre l'homme et les crimes qu'il commet. Des femmes désireuses d'explorer l'autre facette de ces hommes aux mains pleines de sang et convaincues que "cette autre facette va venir écraser l'image, ce qu'il a fait pour se superposer et prendre le pas", analyse Valérie Benaïm. 

Son ouvrage, portant sur cette thématique et disponible en librairies depuis le 14 février dernier, est sorti quasiment un mois jour pour jour après l'annonce de la paternité de Nordahl Lelandais, condamné à la perpétuité pour le meurtre de la petite Maelys, 8 ans, et à 20 ans de prison pour avoir tué le caporal Arthur Noyer. Une nouvelle qui avait choqué l'opinion publique et suscité la curiosité vis-à-vis de ces femmes qui s'éprennent de criminels multirécidivistes. 

Sur le plan scientifique, cette attirance porte le nom d’hybristophilie. "Le point commun de ces personnes est qu'elles évoluent dans un cadre normé, mais elles assimilent le plaisir à la transgression des règles. Commencer une relation avec un homme qui a osé passer outre les normes est une manière d'assouvir leurs désirs. Elles omettent totalement la part monstrueuse du criminel", expliquait récemment, auprès d'Europe 1, la psychologue Marjorie Sueur.