L'affaire Halimi, "déni de justice" et "défaite" pour la société française, estime Onfray

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Romain David , modifié à

Au micro d'"Europe Matin" ce mardi, le philosophe Michel Onfray a estimé que la justice française avait cédé face à l'antisémitisme, le meurtrier de Sarah Halimi ayant été reconnu irresponsable pénalement par la Cour de cassation, ce qui clôt définitivement cette affaire sans qu'un procès ait eu lieu.

Dimanche, les rassemblements en mémoire de Sarah Halimi, dont le meurtrier a été déclaré pénalement irresponsable par le Cour de cassation, ont réuni quelque 25.000 personnes à travers la France. De son côté, l'exécutif entend présenter d'ici à la fin du mois de mai une réforme de la responsabilité pénale. Mais pour le philosophe Michel Onfray, cette affaire restera l'expression d'un "déni de justice". "Cette façon de dire, si vous avez fumé un pétard, vous n'êtes plus justiciable, c'est dire que vous avez le droit de faire ce que vous voulez", s'est-il agacé mardi au micro d'"Europe Matin".

La Cour de cassation a confirmé le 14 avril l'irresponsabilité pénale du meurtrier de Sarah Halimi, pris d'une "bouffée délirante" après avoir consommé du cannabis, la loi ne prenant pas en considération l'origine du trouble mental - en l'occurrence la prise de stupéfiants - qui fait perdre à un individu la conscience de son acte. "Comme par hasard, c'est une femme juive qu'on a tué. Je ne suis pas bien sûr, si l'on avait eu d'autres couleurs, d'autres religions, que ça se serait exactement passé comme ça", estime l'écrivain. "Je pense que le pétard aurait pu être pour le coup une circonstance aggravante. Pourquoi est-ce une circonstance atténuante dans ce cas ?", interroge-t-il.

Une "défaite" pour la société française face à l'antisémitisme

La sœur de Sarah Halimi a annoncé qu'elle allait tenter d'obtenir un procès en Israël. Pour Michel Onfray, il s'agit d'une "défaite" pour la société française. "On ne peut pas continuer à dire à chaque fois qu'un juif est tué que c'est la République que l'on tue ou que l'on offense - ce que je crois, qu'il s'agisse d'un juif, d'un musulman ou de qui que ce soit -, et de l'autre côté laisser faire l'antisémitisme", tacle-t-il.

Michel Onfray tient également à dénoncer l'antisémitisme qui agit au nom de l'antisionisme, "en expliquant qu'après tout, on a bien le droit de ne pas aimer l'existence même d'Israël, et que ça n'a rien à voir avec l'antisémitisme". Un phénomène dont il déplore l'ampleur : "Aujourd'hui, des gens qui écrivent ce genre de choses trouvent des éditeurs, ils sont invités dans des émissions de télévision, on leur passe le micro. Ils sont là comme des faiseurs d'opinions", relève-t-il.