La veuve du riche ermite des Alpes ne touchera pas son héritage

  • Copié
M.L , modifié à
Le testament de l'agriculteur, détenteur d'un important patrimoine immobilier, exclut son épouse, une Parisienne de 25 ans sa cadette. Il a été validé par la justice, mardi.

Les propriétés montagnardes de Marcel Amphoux, dont la valeur est estimée à près d'un million d'euros, ne changeront pas de propriétaire. L'héritage de l'agriculteur, surnommé "l'ermite des Alpes" après son mariage avec une Parisienne de 25 ans sa cadette, se disputait depuis près de cinq ans entre sa veuve et ses anciens locataires. En décembre dernier, une juge d'instruction avait décidé de ne pas donner suite à la plainte déposée par la première, qui contestait la validité du testament de son défunt époux. Mardi, la cour d'appel de Grenoble a apporté à l'histoire son épilogue en confirmant cette décision, à moins d'un recours en Cassation.

"Elle a dû venir cinq ou six fois". Le 7 septembre 2011, les noces de Marcel Amphoux et Sandrine Devillard sont célébrées sous les huées des habitants de Puy-Saint-Pierre. Les quelque 500 âmes du village des Hautes-Alpes en sont sûres : l'agent immobilier parisienne, 42 ans, blonde et à l'allure sophistiquée, n'épouse pas l'agriculteur retraité par amour, mais convoite son patrimoine foncier - plusieurs maisons dans la station de ski voisine de Serre Chevalier. "Ne signe pas Marcel. Tu es en train de te faire arnaquer. Elle va te trahir", glisse même l'un des convives, cité par Le Dauphiné Libéré.

Les caméras de télévision multiplient les reportages sur le couple et filment volontiers la citadine dans la "cabane" de son ermite, sans eau ni électricité. "Elle faisait la belle sur son tracteur, mais en un an, elle a dû venir cinq ou six fois. Et je peux vous dire qu'il ne l'a jamais touchée !", affirme un ami de Marcel Amphoux, interrogé par Le Parisien. Les noces entre les deux opposés ne durent en effet pas longtemps : fin 2012, l'ancien agriculteur meurt à bord d'une voiture qui fait une sortie de route. Un accident dû à la mauvaise météo, conclut le parquet de Gap.

"Un mariage blanc". Le jour de l'enterrement, Sandrine Devillard "fait mine de sauter dans la fosse avec Marcel", rapporte Le Figaro. Mais le drame ne met nullement fin à la saga : six mois plus tard, un manuscrit rédigé au dos d'un courrier est retrouvé parmi les affaires du défunt. Un testament, léguant ses propriétés à ses locataires et le reste du patrimoine à une cousine. Les seuls mots du document consacrés à son épouse sont explicites : "mariage blanc". Selon plusieurs habitants du village, l'ermite était sur le point de demander le divorce.

Sandrine Devillard et les habitants du village déposent alors des plaintes croisées, chaque camp accusant l'autre d'abus de faiblesse sur le sexagénaire. Après enquête, le parquet les classe sans suite, considérant que l'infraction est insuffisamment caractérisée. Mais la veuve se constitue partie civile, afin qu'une information judiciaire soit ouverte. Les chefs retenus ? "Escroquerie, abus de faiblesse, faux et usage de faux."

"Très sollicité par son entourage". Problème : "l'ordonnance confirme qu'au regard des investigations graphologiques et des expertises en écriture, le testament est de (la) main" de Marcel Amphoux, selon le procureur de Gap, Raphaël Balland. Et d'ajouter : "pour qu'il y ait abus de faiblesse, encore faut-il aussi prouver la faiblesse…" En décembre 2016, la juge d'instruction chargée de l'enquête conclut quant à elle que si le retraité "a été manifestement très sollicité par son entourage, il reste difficile de caractériser d'éventuels abus comme des manœuvres frauduleuses révélant une escroquerie." Un non-lieu confirmé par la chambre de l'instruction, mardi, rapporte Le Dauphiné Libéré.