LA QUESTION SEXO - Que sait-on de nos zones érogènes ?

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Catherine Blanc
Dans l'émission "Sans rendez-vous" mercredi sur Europe 1, la psychanalyste Catherine Blanc livre tous les secrets des zones érogènes de notre corps. Pour la sexologue, ces zones ne procurent pas les mêmes sensations en fonction des personnes. Elles se nourrissent également des histoires personnelles.

La sensibilité des zones érogènes de chacun est un sujet récurrent dans le domaine de la sexualité. Dans l’émission Sans rendez-vous mercredi sur Europe 1, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc a décrit le fonctionnement des zones érogènes et livré tous leurs secrets.

La chronique de Catherine Blanc

"Tout notre corps est traversé par un système nerveux et donc réagit de la tête aux pieds à toute stimulation. Une zone érogène va être une zone traversée par ce système nerveux, donc réactive, mais sur laquelle nous allons mettre une émotion et une émotion liée au relationnel, à l'autre et à son environnement.

Les zones érogènes ne sont donc pas propres à la sexualité puisque l'enfance se découvre au travers de zones érogènes. L'enfant découvre sa relation à l'autre au travers de ces zones, à commencer par la bouche. C'est là qu'il va nourrir une sorte de ressenti et de compréhension du monde et au travers de cette compréhension du monde, une compréhension de la relation à l'autre. 

A-t-on tous les mêmes zones érogènes ?

Nous nous développons au travers des mêmes zones érogènes, donc à commencer, comme je le disais, par la bouche. Il y aura ensuite la zone anale, puis la zone génitale. Mais évidemment que selon nos histoires personnelles - la façon que l'on a eu d'être sollicité, agréablement ou désagréablement, justement ou injustement, c'est à dire de façon appropriée ou non - nos sensations divergent.

Nos histoires personnelles vont faire que nous allons investir plus particulièrement certaines zones. Imaginons une maman qui, quand un enfant se couche où qu'elle va partir, lui caresse son cuir chevelu ou lui tresse ses cheveux pour une petite fille. Ça peut être très érotisé. Quand je dis érotisé, ce n'est pas sexuel, mais on va titiller quelque chose et cela raconte un soin. Ça raconte une tendresse.

On peut même trouver érogènes des choses qui pourraient paraître douloureuses. Quand vous soignez vos enfants, le fait tout à coup d'avoir une attention vis-à-vis d'eux, de panser un petit bobo par exemple, peut solliciter quelque chose d'érotisé au sens de chaleureux, d'émoustillant. Cela va permettre à l'individu de se construire et de petit à petit prendre en compte son corps et les possibilités de ce corps. 

Est-ce que les zones érogènes sont les mêmes entre les hommes et les femmes ?

Non, parce que, par exemple, pour parler des tétons, il y a des femmes qui sont extrêmement sensibles au niveau du côté du sein et pas du tout du téton. Mais pour d'autres c'est le téton et rien d'autre. Ça ne dépend ni de la grosseur ni du genre. Il y a des hommes très sensibles des tétons et d'autres qui n'aiment pas du tout. Cela pose aussi la question de s'ils sont sensibles ou non. Ou est-ce qu'ils le sont mais c'est dérangeant de l'être, parce que cela renvoie à quelque chose d'un imaginaire plus féminin ?

Il en va de même pour les femmes. Des femmes sont très sensibles au niveau du téton, mais comme cela les renvoie à une fonction maternelle, elles n'aiment pas être sollicitées à ce niveau. Elles ont le sentiment que ça ne peut pas faire bon ménage avec un acte d'ordre sexuel. 

Est-ce que la marge anale peut être une zone érogène ?

Pour l'enfant, c'est un moment très important puisqu'il va pouvoir maîtriser ses sphincters. C'est alors quelque chose d'extrêmement jubilatoire. Et puis, évidemment, on va retrouver le plaisir dans notre vie d'adulte. Le plaisir d'abord de pouvoir déféquer, de pouvoir se libérer. Mais certains, dans leur sexualité, hétérosexuelle ou homosexuelle, vont stimuler cette zone qui est une zone avec un système nerveux extrêmement puissant. Et heureusement, sinon nous nous ferions dessus.

Ces personnes vont l'investir et du coup, évidemment, ça va participer au contact à l'autre. Cela offre une possibilité de pénétration et fantasmatique aussi. Ainsi, toutes les personnes peuvent possiblement être des contenants et pas simplement des contenus. Un homme, quand il est dans une sexualité hétérosexuelle, pénètre, donc il est contenu. Là, la zone anale permet de fantasmer quelque chose de l'ordre de la possibilité du contenant."