LA QUESTION SEXO - Premier rapport : la douleur est-elle obligatoire ?

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Vendredi, dans l’émission "Sans rendez-vous", la sexologue Catherine Blanc répond à une auditrice qui craint d’avoir mal pendant son premier rapport sexuel.
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Le premier rapport sexuel peut être source d’angoisse, notamment chez les jeunes filles pour qui la pénétration peut s’apparenter à un acte violent, susceptible de les blesser. Vendredi, au micro de Mélanie Gomez dans Sans rendez-vous, l’émission santé d’Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc tient à déconstruire les préjugés qui font de cette "première fois" un moment nécessairement douloureux pour la femme. 

La question de Noémie, 19 ans

"Je suis vierge et craint la pénétration. Je me dis qu’il faudrait tomber sur un partenaire qui a un pénis de petite taille pour faire doucement le chemin, ce qui, bien sûr, est ingérable, j’en ai conscience. Qu’en pensez-vous ?"

La réponse de Catherine Blanc

"La peur de la douleur avant un premier rapport est tout à fait normale chez les jeunes filles. Elles ont le sentiment qu’elles ont encore un corps de petite qui va devoir se faire passer pour un corps de grande ; être pénétrée, avec l’idée d’un hymen qui pourrait être douloureusement percé. […] Dans les meilleures conditions, c’est-à-dire des conditions de désir, d’excitation et de lubrification, non seulement ça ne fait pas mal, et en plus, on ne perd pas de sang.  

À moins d’une anomalie, d’avoir des adhérences, en réalité, la pénétration n’est pas douloureuse. Sortons de ces idées qui ont bercé toutes les jeunes filles pour qu’elles ne fassent pas l’amour avant le mariage. La réalité, c’est que lorsqu’une femme est excitée, parfaitement lubrifiée, avec en face d’elle un partenaire qui ne fait pas tout et n’importe quoi, à aucun moment il n’est question de douleur ou de perte de sang potentielle.

La taille du pénis a-t-elle un impact ?

Ce que l’on appelle la dyspareunie, c’est-à-dire la douleur pendant un rapport sexuel, se produit quand un vagin n’est pas lubrifié. La peur de l’homme, l’inquiétude de perdre son érection, fait qu’il veut absolument rentrer vite, et sa partenaire n’est pas toujours prête et lubrifiée. Cela fait mal car il y a un frottement, alors que lubrifiée, tout cela glisse naturellement.

Ce n’est pas un petit ou un gros pénis qui va changer cette histoire. Il faut rappeler qu’un vagin, qu’il s’agisse d’une femme qui a déjà fait l’amour ou pas, est tout petit au repos, avec des parois qui se touchent et qu’il va pouvoir s’étendre, en profondeur et en largeur, en fonction de la taille du pénis du partenaire.

Comment expliquer, alors, que certaines femmes ont mal les premières fois ?

Les femmes ont souvent mal parce qu’elles se soumettent au désir de l’homme, et donc au rythme de l’homme. Elles ont souvent mal aussi parce qu’elles estiment qu’elles ne savent pas et que lui va savoir. De nombreuses jeunes femmes me disent qu’il faut qu’elle rencontre quelqu’un qui a déjà eu de nombreuses expériences sexuelles parce qu’il saura les pénétrer, alors qu’il s’agit d’abord de leur corps.

Plutôt que de se lancer dans un casting de l’homme avec un pénis adéquat, il faut faire ami-ami avec son propre sexe, comprendre comment il est fait. On peut observer la capacité qu’il a de s’ouvrir à la pénétration avec son propre doigt, si la pudeur ne l’empêche pas. Sinon, ce n’est pas grave. Mais il faut se dire que l’on va vers son désir, que c’est moi qui m’ouvre à l’autre et non l’autre qui me force à m’ouvrir. C’est dans cet oubli d’elle-même que les femmes ressentent des douleurs."