Lorsque l'on est marié depuis plusieurs années, les changements physiques opérés par le temps sur son partenaire peuvent parfois modifier le désir que l'on a pour lui. C'est le cas de Pauline, qui interroge la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc dans l'émission "Sans rendez-vous", sur Europe 1, sur la manière d'aborder, avec son mari, le sujet de sa prise de poids.
La question de Pauline, 48 ans
Je suis mariée depuis 21 ans et j'aime profondément mon mari. Cependant, il a pris 25 kg et je ne ressens plus d'attirance sexuelle à cause de ça. Comment lui faire comprendre ?
La réponse de Catherine Blanc
Cela pose plusieurs problèmes intéressants. Il y a le temps qui passe et qui change nos corps, et la difficulté d'être toujours aussi attirant que par le passé. On pourrait en rester là et simplement stigmatiser des corps qui évoluent pour justifier de la difficulté du désir. Or, c'est autre chose qui est à l'oeuvre quand un désir est défaillant. C'est aussi pouvoir renouveler une relation qui est toujours la même, qui perdure, qui a trouvé son confort etc... Ce qui n'annule pas le fait qu'on puisse avoir des critères de beauté qui nous plaisent plus.
Mais ici, autre chose se joue : la difficulté de voir quelqu'un que l'on a aimé parce qu'il était porteur d'enthousiasme et de virilité, avoir abandonné son propre cas en ne prenant pas soin de lui. Il y a en effet ce sur quoi on ne peut pas lutter : les rides, la peau qui perd de sa tonicité... C'est douloureux si le regard de l'autre le stigmatise. Il nous faut l'accepter, car la beauté d'un couple est de pouvoir vieillir ensemble et accepter ce qui, petit à petit, s'enfuit sans pour autant avoir peur du désir qui fuie avec. Mais il y a aussi ce qu'on a abandonné : nos muscles, le poids que l'on prend...
Pour pouvoir aborder ça avec son mari, il faut s'inquiéter de ce que ça veut dire pour lui plutôt que de dire "puisque tu es comme ça, je ne te désire plus", au risque de démarrer une guerre des tranchées, parce que, pour l'un ou l'autre membre du couple, la réalité est que le temps passe.
Peut-être faut-il aussi veiller à voir quelle est sa propre ambivalence : voir si elle n'a pas nourri son mari en étant rassurée de le nourrir, en lui reprochant maintenant d'avoir pris du poids. Il faut qu'elle puisse dire à son mari qu'elle s'inquiète, et lui demander si cette prise de poids n'est pas qu'il a abandonné de se plaire à lui-même, et lui dire qu'elle a besoin qu'il se plaise à lui-même pour qu'il lui plaise aussi, même avec quelques kilos de trop.