Que signifie être "asexuel" ? Une personne manifestant son désintérêt pour les relations charnelles l'est-il nécessairement ? Dans l’émission Sans rendez-vous sur Europe 1, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc a répondu jeudi à Sara, une auditrice qui s'interroge sur l'éventuelle asexualité d'un de ses amis.
La question de Sara
"Un ami m'a confié n'avoir pratiquement jamais eu de rapports sexuels dans sa vie et ne pas en ressentir le besoin. Il a pourtant 33 ans et est beau garçon. Serait-il asexuel ?"
La réponse de Catherine Blanc
Etre asexuel, c'est ne pas avoir d'intérêt pour la sexualité, ni concernant l'autre, ni concernant soi. Il n'y a pas de masturbation, pas plus que d'intérêt pour un sexe ou un autre. Ce n'est pas fréquent, les asexuels représentant, selon une étude anglaise, 1% de la population.
Est-ce une pathologie ?
Il est compliqué de parler de pathologie. La réponse, c'est de réfléchir à ce qui fait que l'on se construit en donnant de la place ou pas de place à la sexualité. D'un point de vue psychologique, on pourra toujours se dire qu'il y a matière à s'épanouir d'une manière ou d'une autre et cet épanouissement peut passer par un déni de la sexualité. On va alors interroger s'il y a eu un traumatisme ou une injonction, mais aussi interroger la partie organique, hormonale : quelque chose ne naît pas en soi, un élan physiologie lié aux hormones. Mais je n'aime pas l'idée de "pathologiser" les uns et les autres parce qu'à ce titre on pourrait aussi "pathologiser" l'hétérosexuel qui croit que s'il n'est pas en couple, il n'aura pas une vie normale.
Les asexuels sont-ils des gens plus intelligents ?
Les asexuels sont principalement des gens qui reportent l'élan sexuel sur d'autres choses. Quand ce n'est pas le cas, ce sont des gens qui sont déprimés, et dans ce cas, on s'intéresse moins à la sexualité qu'à l'état déprimé et à la difficulté de prendre une place dans la société. Mais généralement, la sexualité a trouvé une autre voie d'expression qui est tellement jouissive que la sexualité ne présente plus d'intérêt.
Ont-ils tout de même des relations physiques ?
Certains hommes et certaines femmes sont asexuels et font malgré tout l'amour pour être au rendez-vous de l'autre et maintenir une relation, parce qu'ils peuvent néanmoins être amoureux. C'est la notion de sexe, de pénétration et de jeu sexuel qui ne les concerne pas. Il faut donc trouver un partenaire qui participe du même fonctionnement et qui pour certaines raisons (des questions religieuses, éthiques...) établissent un "deal" confortable où chacun y trouve son compte.
De plus, ce n'est pas parce qu'une personne est asexuelle qu'elle ne peut pas avoir d'érection. Elle n'a simplement pas le goût d'aller vers la sexualité. Toutefois, si d'aventure cette personne faisait l'amour pour répondre au désir de sa partenaire, elle peut très bien ressentir du plaisir. Un plaisir qui ne sera néanmoins pas accompagné de la fantasmatique érotique. Aussi, cela ne nécessitera pas d'y retourner une prochaine fois.