Question Sexo 5:27
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Catherine Blanc , modifié à
Dans "Sans Rendez-vous", la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc répond jeudi à la question d'une auditrice dont la fille de 16 ans a confié être amoureuse d'une autre fille. "Par curiosité", cette mère de famille s'interroge sur la possibilité de changer d'orientation sexuelle. La spécialiste se penche sur cette question sensible sur Europe 1.

Comment réagir lorsque un adolescent évoque spontanément, auprès de ses parents, ses amours et ses peines de cœur ? De quelle manière répondre lorsque cela concerne une personne du même sexe ? Dans "Sans Rendez-vous", sur Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc répond à une mère de famille dans cette situation : sa fille âgée de 16 ans lui a récemment dit qu'elle était amoureuse d'une de ses camarades de classe. Ce qui pousse cette maman, qui accueille favorablement la nouvelle, à s'interroger par curiosité sur la permanence de l'orientation sexuelle à travers le temps.

La question de l'auditrice

"Ma fille de 16 ans m'a avoué qu'elle était amoureuse d'une fille de sa classe. Cela ne me pose évidemment aucun problème. Mais par curiosité, est ce qu'elle peut changer d'attirance à l'avenir ?"

La réponse de Catherine Blanc

"D'abord, elle ne parle pas de sexualité, mais d'être amoureuse. Ça ne veut pas toujours dire que c'est mêlé d'élan sexuel. C'est souvent une interprétation que certains parents peuvent avoir. Il y a des moments de l'adolescence où il y a des vrais sentiments amoureux pour ses copines ou pour ses copains. En tout cas, les filles entre elles sont très amoureuses de leurs copines. Ça ne veut pas du tout dire qu'il y a de la sexualité. Maintenant, puisque cette maman l'a axé sur ce sujet-là, c'est peut-être qu'elle en sait évidemment plus que sa question ne le pose."

Est-ce qu'une orientation sexuelle est figée dans le marbre ?

"Il y a des couples d'ailleurs qui se font, qui font des enfants et qui, tout d'un coup, ont un élan qui part tout à fait ailleurs. Des couples qui se séparent. Et puis des hommes qui deviennent homosexuels, des femmes qui deviennent homosexuelles. Tout ça existe aussi. Les choses sont mouvantes. Elles le sont tout simplement parce qu'elles étaient déjà là. En réalité, ce n'est pas qu'on change d'avis comme de chemise, mais elles sont là, refoulées. Et puis, à un moment donné, elles se positionnent. C'est vrai dans un sens d'hétérosexualité qui vire à l'homosexualité comme c'est vrai d'une homosexualité protectrice qui retrouve un cadre d'hétérosexualité le cas échéant."

Est-ce qu'il faut en parler avec sa fille ?

"Si elle en parle, on peut lui dire 'comment tu le sens ? est-ce que tu es tranquille avec ça ? est-ce que ça pose un problème à l'école ? Si tu me le dis, est-ce que c'est juste pour voir que tu es accueillie par moi ou est-ce que c'est pour trouver un soutien que tu n'as pas au sein de l'école ou de cette fille ? Est-ce que cette fille répond à ton amour ? Tu es peut-être amoureuse, mais peut-être ne l'est-elle pas en retour'. De toute façon, c'est le même sujet s'il s'agit de quelqu'un de l'autre sexe. L'amour n'est pas censé être source de souffrance. Pourtant, évidemment, il y a toutes les déconvenues qui sont au rendez-vous."

N'est-ce pas trop intrusif de poser toutes ces questions ?

"Ce qui est plus intrusif, c'est de dire 'Alors, tu as un petit copain, une petite copine ?' C'est ça qui est plutôt intrusif, quand l'enfant est tout à sa pudeur. On voit déjà les jeunes filles cacher leurs hanches, cacher leurs seins avec leurs cheveux et leurs épaules, etc. On leur dit 't'es un joli brin de fille, est-ce que t'as un amoureux ou une amoureuse ?' Là, on n'est pas dans ce cas de figure, car c'est elle qui vient en parler. Je pense qu'on peut avoir cette discussion, très tranquillement, sans avoir des questions précises, mais des questions qui ouvrent la possibilité d'un échange, afin de laisser l'enfant aller là où il le souhaite."

Malgré tout, il peut y avoir comme des rejets et des attitudes un peu violentes…

"Bien sûr. La peur n'annule pas le danger. Avoir peur pour l'enfant, c'est plutôt cautionner aussi la possibilité d'une peur, donc c'est vérifier que tout va bien, le prendre avec de la légèreté et essayer d'entendre si, justement, cela représente une inquiétude d'une manière ou d'une autre pour l'enfant. On peut lui dire 'tu sais, dans la vie, il faut aussi avoir la tranquillité de ses choix et donc acquérir le pouvoir de ses choix'. Dès lors qu'on a le pouvoir, il y aura toujours des gens qui seront réfractaires à nos regards sur le monde et nos regards sur l'amour. Dans la mesure où on en a le pouvoir, on avance tranquillement sur son chemin."