Officiers de police le 11 octobre à Lille, après l'agression le 8 octobre de leurs collègues à Viry-Châtillon. 7:41
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A.D
Bernard Cazeneuve se félicitait mercredi d'un bilan positif de l'action policière sur un an, alors même que le mal-être policier est grandissant après des événements particulièrement difficiles.
INTERVIEW

Après l'agression de Viry-Châtillon, les conflits sociaux et la menace terroriste, l'année a été particulièrement dure pour les forces de police. Pourtant, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a dressé mercredi après-midi un bilan positif de son action devant les forces de sécurité intérieure. Un discours insuffisant pour remonter le moral des troupes, selon Jacques de Maillard, chercheur au centre de recherches sur le droit et les institutions pénales, qui était invité dans l'émission C'est arrivé cette semaine.

"Moment dramatique". "Il y a un problème de discordance d'Etat. Il fait un bilan sur une année entière qui tombe à un moment particulièrement dramatique. Il y a le risque que ce soit perçu comme un discours officiel qui ne prend pas suffisamment en compte les souffrances", analyse le chercheur.

"La difficulté du mot juste". En plus de cette maladresse de calendrier s'est ajoutée l'emploi discuté du mot de "sauvageons" pour qualifier les agresseurs de Viry-Châtillon. "La difficulté du discours politique est de trouver le mot juste. Le mot de 'sauvageon" n'a pas été le mieux choisi", concède Jacques de Maillard, qui souligne néanmoins que ce n'était pas la tonalité générale de la réponse du gouvernement qui a montré "un volontarisme marqué".

Matériels et effectifs. Devant le malaise croissant des policiers, matériels et effectifs supplémentaires ont été annoncés. "C'est un début de réponse. C'est la réponse inévitable, juge Jacques de Maillard. C'est ce qui est attendu dans une telle situation. Après, ce n'est sans doute pas la seule réponse."

Une représentation négative. Le drame de Viry-Châtillon pose une question plus large, selon le spécialiste, celle de la place du policier et de la stratégie policière dans la France contemporaine. Gardien ? Guerrier ? "Cette question est très peu abordée dans le temps électoral, où le politique est sous pression pour apporter des réponses de court terme." Pourtant, "des études sociologiques montrent un mal-être des policiers, avec une représentation qui les montre non soutenus par leur hiérarchie, maltraitée par les médias, non soutenus par la justice et incompris par la population."