• Copié
Claudia Bertram, édité par Thibauld Mathieu avec AFP , modifié à
Des milliers de manifestants ont participé samedi à la "Marche du siècle" pour le climat, partout en France, dans une ambiance bon enfant.
REPORTAGE

"Fin du monde, fin de mois, même combat" : la "Marche du siècle" a été un succès samedi. Des dizaines de milliers de manifestants à travers la France ont dénoncé "l'inaction" contre le changement climatique mais ont aussi appuyé les revendications sociales de mouvements comme les "gilets jaunes".

Une mobilisation soutenue. À Paris, cette "Marche du siècle" a rassemblé 45.000 personnes, selon un comptage indépendant pour un collectif de médias réalisé par le cabinet Occurrence. La préfecture de police a de son côté chiffré cette affluence à 36.000 manifestants à Paris et les organisateurs à 107.000. À Lyon, le cortège a réuni 18.000 personnes selon les autorités, 30.000 selon les organisateurs. "Plus de 350.000 personnes dans 220 villes de France se sont rassemblées pour dénoncer l'inaction du gouvernement français face à la crise climatique et son cynisme vis-à-vis de la crise sociale", ont affirmé les organisateurs dans un communiqué.

marche

Le cortège parisien s'est élancé de la place de l'Opéra, à la mi-journée © Thomas SAMSON / AFP

"Pas de nature, pas de futur". Sous le ciel ensoleillé de la capitale, une foule très dense a marché de la place de l'Opéra, bondée à la mi-journée, à la place de la République. Beaucoup de jeunes étaient là, comme Anaïs, 12 ans, présente avec sa mère Claire, toutes deux munies d'une pancarte "Pas de nature, pas de futur". "À la même époque l'année dernière on avait de la neige, et là il fait beau, il fait chaud. Je pense que c'est mal parti, que la Terre est en train de mourir", remarque la collégienne au micro d'Europe 1. "C'est important, parce que c'est l'avenir de mes enfants et que faut faire comprendre aux politiques que les petits pas de chacun, ça ne suffit pas, et qu'il faut qu'ils passent à l'action", clame sa mère.

Une ambiance bon enfant. Malgré ce pessimisme, c'est dans la bonne humeur que les manifestants ont défilé, comme Armel, Parisienne d'une quarantaine d'années. "C'est bon enfant, il y a cette volonté d'exprimer un ressenti collectif fort. Il faut que tout le monde s'y mette", enjoint-elle. Des concerts étaient même prévus place de la République en fin de journée, alors que l'"acte 18" des "gilets jaunes" a tourné au chaos sur les Champs-Élysées.

Appel à converger avec les "gilets jaunes". Militant écolo et réalisateur du documentaire à succès Demain, Cyril Dion avait appelé à une "convergence avec les 'gilets jaunes'" lors d'une conférence de presse au départ d'un des cortèges de la marche pour le climat. Selon lui, "la cause de la destruction des écosystèmes se trouve dans ce modèle économique".

Des politiques de gauche, dont le député insoumis de la Somme François Ruffin, ont plaidé pour une "jonction" entre les manifestations pour l'environnement et celles des "gilets jaunes". "Conjuguer social et écologie permet une alliance entre classes intermédiaires et populaires, rien ne se fait historiquement en France sans cette alliance: 1789, mai 68, 1981...", a-t-il déclaré à l'AFP, avant de quitter Paris pour rejoindre une manifestation des "gilets jaunes" dans le Gard.

8.000 à Montpellier, 6.000 à Rennes. Environ 140 organisations, de Greenpeace France à la Fondation Nicolas Hulot, avaient appelé à descendre dans la rue pour le climat, estimant qu'il est "temps de changer de système industriel, politique et économique". Cet appel a été très suivi à travers le pays. Selon les préfectures concernées, 8.000 manifestants ont défilé à Montpellier, 6.000 à Rennes, 3.000 à Tours, 2.700 à Besançon ou 2.500 à Marseille.

Les jeunes avaient ouvert le bal vendredi, répondant en masse à l'appel de la jeune Suédoise Greta Thunberg. Ils étaient entre 29.000 et 40.000 à Paris, 168.000 à travers la France, selon l'organisation Youth for climate. Lors des précédentes marches pour le climat, nées après la démission de l'ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, plus de 15.000 personnes étaient descendues dans les rues de Paris.