La France reste une terre de transit pour les migrants

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© PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Julien Pearc et C.P.-R. avec AFP , modifié à
Alors que l’Allemagne devrait faire face cette année à 800.000 demandes d’asile de migrants, une véritable explosion, la tendance est stable en France.

C’est une situation sans précédent à laquelle est confrontée l’Allemagne. Jeudi, le ministre de l’Intérieur allemand, Thomas de Maizière, a dénoncé la lenteur de l’Europe sur la crise migratoire, alors que son pays doit affronter un afflux de 800.000 demandeurs d’asile cette année.

Tendance stable en France, explosion en Allemagne. Un phénomène d’ampleur qui épargne la France. Depuis le début de l’année, 38.000 migrants ont fait une demande d’asile sur le territoire national : un nombre de dossiers équivalent à celui du seul mois de juillet en Allemagne. Si Berlin s’apprête à voir le nombre de ses demandes quadrupler en seulement un an, en France en revanche, la tendance demeure stable.

L’office français de protection des réfugiés et apatrides s’attend à recevoir le même nombre de dossiers qu’en 2014, c’est-à-dire 65.000 demandes, soit douze fois moins qu’outre-Rhin. Mais pourquoi y a–t-il une telle différence entre les deux pays voisins ?

Une économie attractive en Allemagne. L’Allemagne est une destination privilégiée par de nombreux migrants, en particulier les Syriens, les Serbes, les Albanais et les Kosovars. Il faut dire que nos voisins germaniques offrent d’importants avantages : proximité géographique, communautés déjà établies, meilleure qualité d’accueil et économie dynamique.

La France, terre de passage. La France, au contraire, apparaît elle comme une terre de transit. Les migrants y arrivent par l’Italie puis en repartent de Calais, direction "l’Eldorado" britannique et son marché du travail ultra-flexible. C’est la raison pour laquelle la France figure parmi les membres de l’UE qui accueillent le moins de réfugiés compte tenu de la taille de notre population.

L’Allemagne souhaite la mise en place de centres de tri. Pour lutter face à la crise, une réunion qui rassemblera les ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères de l’Union européenne aura lieu mi-octobre à Paris. Le ministre de l’Intérieur allemand a notamment fait part de l’une des initiatives qu’il compte soumettre aux institutions européennes : "Nous voulons aboutir à ce que les ‘hot spots’ soient érigés d'ici la fin de l'année en Grèce et en Italie", faisant allusion à ces centres de tri destinés à faire la distinction entre personnes pouvant relever du statut de réfugiés et les migrants économiques clandestins.